Ce groupe de travail s’est déroulé pour partie en présentiel, pour partie en distanciel. Le compte-rendu qui suit a été rédigé par MJ Verny, représentante du CREO Lengadòc, grâce aux notes de plusieurs participants. Qu’ils soient ici remerciés.
L’administration a communiqué son compte rendu : Compte-rendu GT Aude 13avril23 ainsi que le diaporama qui accompagnait les travaux : Groupe de travail occitan Aude 13.04.23
PARTICIPANTS
Administration
- Joël Laporte, DASEN
- Christophe Causse, Chargé de mission : IPR
- Sylvaine Mailho, Adjointe au DASEN
- Gérard Roques, IEN Narbonne
- Andres Sousa, collège du Bastion Carcassonne (section bilingue)
- Gérard Roques IEN circo Narbonne
- Fabienne Albert, Conseillère pédagogique départementale
- Gilles Arbousset, formateur INSPE Carcassonne (FDE, université Montpellier)
Collectivités territoriales – Office public pour le langue occitane (OPLO)
- Benjamin Assié, conseiller régional
- Vincent Rivière Chargé de Mission Région,
- Sylvain Blachon, chargé de mission OPLO (en visio)
Excusée : Maria Conquet : conseil départemental
- Associations
- Marie-Jeanne Verny, CREO Lengadòc, enseignement public (en visio)
- Isabelle Pinatel, FCPE 11 (en visio)
- Jean-François Albert, directeur de 3 écoles et Fédération Calandretas de l’Aude
- Hervé Loussert , Fédération Calandretas de l’Aude
- Alan Rouch, IEO Aude
- Patrice Rampon, Ligaire Fédération Calandretas Lengadoc
Note du CREO LENGADÒC
Les membres du groupe de travail avaient reçu un courrier intersyndical FSU, UNSA, FO expliquant le refus de siéger de la part des syndicats un jour de mobilisation : Déclaration FSU UNSA FO GT Occitan
1- Ouverture de la réunion
Monsieur le DASEN
Celui-ci regrette qu’il n’ait pas été possible de décaler le GT malgré le mouvement social. Volonté de développer l’enseignement de l’occitan dans le département. Ce groupe de travail va porter sur deux points, dans l’optique de la volonté de développement voulue par l’ensemble des partenaires :
- Des questions soulevées lors des réunions précédentes ont trouvé des solutions, malgré les difficultés.
- Nous souhaitons, dit-il, parler des élèves et réserver une partie de la discussion à la pédagogie pour les prochains GT, notamment en ce qui concerne le suivi de cohortes et la maîtrise des compétences linguistiques. Il y a un besoin d’analyse : en quoi l’occitan est-il un levier de la réussite des élèves ?
Monsieur le DASEN note que le diaporama de présentation de la réunion sera envoyé aux participants
MJ Verny – CREO Lengadòc
Le CREO n’a pas de mandat sur un mouvement social, c’est la raison pour laquelle j’ai accepté de siéger lors de ce groupe de travail mais je tiens à dire que personnellement je suis engagée dans ce mouvement social. Je comprends à la fois le courrier des organisations syndicales demandant le report de la réunion et les contraintes de l’administration. Le CREO approuve l’idée de travailler sur les élèves qui sont vraiment la cible première.
La suite de la réunion est animée par Fabienne Albert pour le premier degré, et Christophe Causse pour le second degré.
2- Situation du 1er degré
2.1- Ouvertures et mise en place de continuité de parcours bilingues dans le 1er degré
Narbonne
Un poste a été fléché sur Lamartine à Narbonne. L’association Oc-Bi va intervenir la semaine prochaine sur l’école.
MJ Verny – CREO Lengadòc
insiste sur la vigilance quant aux équipes enseignantes en place : ouvrir un cursus spécifique sans rassurer les équipes en place, c’est s’exposer à fragiliser le cursus et à mettre les enseignants occitanistes en porte-à-faux par rapport aux équipes en place. MJV souligne l’aide que peut apporter OCBI – association de parents d’élèves pour le bilinguisme – dans le travail de médiation puisque l’association est animée, entre autres, par d’anciens professeurs des écoles qui connaissent le terrain.
Fabienne Albert
se montre rassurante : la mairie et les directrices d’école ont été rencontrées. Une rencontre sera organisée avec OCBI, l’équipe des enseignants de la maternelle et les parents.
2.2- Montée de cohorte à Montréal
La continuité est assurée à l’élémentaire par une ressource enseignante dans l’école.
2.3- Enseignement renforcé sur le département
Trois lieux ont été identifiés avec trois enseignants motivés : St Papoul (Cycle 3), Montolieu (Cycle 2) et Palaja (Cycle 3) L’enseignement renforcé (une DNL en occitan) concernera les classes dans lesquelles ces enseignants interviennent. Les disciplines enseignées sont encore à déterminer. L’informations aux communes et aux parents est en cours. Le DASEN demande à ses services d’informer les élus des communes concernées ainsi que les familles.
2.4- Evaluation des élèves bilingues
L’administration signale le besoin d’évaluer pour mieux piloter. Pour arbitrer sur la question des moyens notamment, le DASEN se dit peu armé pour défendre les cursus occitans lorsqu’il s’agit de prendre des décisions. Selon lui, la spécificité de l’occitan en tant que discipline la dessert et peut attiser certaines jalousies. Il rapporte des critiques récurrentes de la part de personnes opposées à la diversité linguistique.
Le représentant de l’OPLO
se dit heureux d’accompagner et de valoriser les résultats qui seront obtenus car les nombreuses études sur la cognition montrent bien que tous les apprentissages sont favorisés par le bilinguisme précoce. L’OPLO mettra à disposition ses moyens de communication pour valoriser les résultats lorsqu’ils seront connus. Par ailleurs, une évaluation aussi des compétences en langue est aussi nécessaire en cycle 3.
La Conseillère pédagogique
informe que des évaluations en fin de cycle 3 sont réalisées chaque année et centralisées au niveau académique. Elle s’engage à envoyer les résultats à l’OPLO conformément aux engagements de la convention cadre.
MJ Verny – CREO Lengadòc
indique l’importance de prendre en compte l’évaluation des origines socio-culturelles des familles pour pondérer les évaluations. Elle signale le cas de l’école Mandela à Béziers – cursus bilingue – située en REP plus et signale que la prise en compte par les enseignants d’occitans des compétences culturelles et linguistiques plurielles des élèves et de leurs familles contribue largement à leur réussite. Elle est persuadée intimement de l’atout du bilinguisme précoce dès lors qu’il est valorisé par l’institution ; l’acquisition de l’occitan, en l’occurrence s’ajoute aux compétences familiales reconnues des élèves.
Madame Pinatel, de la FCPE11
se dit ravie d’entendre tout cela. Pour elle, il est important de montrer aux jeunes, parfois en perte de repères, la culture du pays où ils sont amenés à vivre
Monsieur le DASEN
indique que c’est le sens de sa proposition. Il est nécessaire de reposer les décisions du département sur une argumentation solide basée sur des faits.
M. Roques, IEN
évoque le cas de l’école Lamartine de Narbonne où un poste a été fléché. Il s’agit d’une école multiculturelle (turcs, communauté gitane…) L’occitan y est pensé en lien avec le plurilinguisme. Monsieur Roques signale l’existence, quelques années auparavant, d’évaluation des dispositifs bilangue et bilingues. Pour les dispositifs bilangues : résultats meilleurs pour les bilangues car ils pratiquaient automatiquement des transferts de compétences, quel que soit le milieu social.
2.5- GRAF – Groupe de recherche-action sur les fondamentaux en didactique bilingue français-occitan
Fabienne Albert informe sur le dispositif (https://www.ofici-occitan.eu/fr/didactique-bilingue-en-mathematiques-1e-seance-de-travail-du-graf/) et les travaux qui y sont menés
JF Albert, Calandreta
demande à l’OPLO que le centre Aprene et les Calandretas soient intégrés au GRAF.
Le chargé de mission de l’OPLO
relaiera la demande auprès de M. Doussine, IEN de Valence d’Agen (82) avec une mission académique sur l’occitan dans l’académie de Toulouse.
2.6- Rassemblement départemental
Il aura lieu à Capendu. Des ateliers se tiendront sur toute la journée. Il concernera 2000 élèves, la plupart du public, mais aussi de CALANDRETA. Il est important pour les enfants, dit la conseillère pédagogique, de découvrir au sein du rassemblement qu’ils ne sont pas isolés dans leur école.
3- Situation du 2nd degré
Présentée par C. Causse, IPR. Le travail mené a été pensé pour impulser une pédagogie de projets, domaine dans lequel le département était déficitaire.
3.1- Une « journée de l’inspection »
a été organisée pour impulser des projets, favoriser la liaison 1er degré-collège (en rassemblant PE du cycle 3 – bilingue public + Calandreta et profs de collège). Il s’agissait de donner envie de monter des projets. Quelques exemples de ceux-ci : projet de web-radio, visite de la Cité en occitan
- Sousa, principal du collège du Bastion à Carcassonne, présente des projets pour améliorer la liaison entre les Calandretas et le collège. A partir de 2024, suite à la journée de l’inspection, l’école Berthelot rejoindra le projet.
3.2- Point sur les ressources humaines
Grâce au dispositif ENSENHAR, 2 enseignants supplémentaires à Castelnaudary et … . 1 bivalence technologie et 1 bivalence histoire. D’autre part, suite au mouvement, deux personnes devraient venir renforcer l’équipe des professeurs d’occitan de l’Aude.
3.3- Projet Narbovia
Un projet avec le musée Narbovia sera déployé en 2024, l’idée est de partir sur une programmation annuelle par exemple autour du développement durable.
Fabienne Albert note que ce sera en lien avec le thème du projet pédagogique académique.
4- Faculté d’Education – formation et encadrement pédagogique
Gilles Arbousset
indique que les postes de MAT – maîtres d’accueil temporaire – devraient être plus nombreux pour accueillir les étudiants de M1 et M2 pour des stages en immersion dans les classes bilingues. Il souligne la difficulté d’articuler pour les étudiants le mémoire de recherche et les stages et exprime le besoin de maîtres formateurs.
Mme Mailho, adjointe au DASEN,
souligne que des chargés de mission de formation sont en place sur le département dont l’occitan. Des lettres de mission seront établies prochainement.
JF Albert, Calandreta
signale qu’autrefois, les Calandretas accueillaient des étudiants du public en formation. Ce n’est plus le cas, ce qu’il regrette. Il réitère la proposition que des enseignants des Calandretas accueillent les étudiants de master.
Une explication est donnée sur ce changement : les calandretas étaient sollicitées avant le développement des sites bilingues publics.
Madame Albert, CPD
signale qu’une enseignante de l’école Berthelot a passé le CAFIPEMF – certificat d’aptitude aux fonctions d’instituteur ou de professeur des écoles maître formateur – généraliste et souhaite passer le CAFIPEMF spécialiste occitan
5- Intervention de la Région
Benjamin Assié, Conseiller Régional en charge de l’occitan et du catalan, salue la dynamique dans l’Aude et fait le point sur les nouvelles conventions. La convention nouvelle, dont le texte est en concertation entre la Région et les services de l’État, s’inscrit dans le cadre de La loi relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion du 21 mai 2021 – dite « loi Molac », notamment son article 7, désormais intégré depuis lors dans le code de l’éducation (article L. 312-11-2), qui stipule clairement que dans le cadre de conventions entre L’État et les collectivités territoriales « la langue régionale est une matière enseignée dans le cadre de l’horaire normal des écoles maternelles et élémentaires, des collèges et des lycées sur tout ou partie des territoires concernés, dans le but de proposer l’enseignement de la langue régionale à tous les élèves ». Selon Benjamin Assié, un retard a été pris, puisque nous sommes sans convention depuis la fin 2022. Les demandes de la Région à l’État se placent dans la continuité de la convention signée en 2022 en Bretagne avec la précision d’objectifs et de moyens.
Le constat de la Région est mitigé sur la convention précédente.
L’exigence de moyens spécifiques se place dans une volonté d’équité territoriale, puisque les Régions qui ont à charge des langues régionales ont cette charge en plus des charges générales qui pèsent sur toutes les académies. Sans moyens spécifiques, on se place dans une situation de concurrence avec les autres matières.
Le Ministère de l’Agriculture et de l’Enseignement supérieur doivent être associés.
Benjamin Assié souligne qu’un effort est aussi à faire par les collectivités pour que la langue et la culture soient présentes sur le territoire, en dehors des écoles : il faut créer des écosystèmes favorables. IL évoque la question des ressources pédagogiques, et insiste sur le besoin de repérage des compétences dormantes, mais aussi sur l’inventaire des métiers, et le repérage des lieux pouvant accueillir en occitan…
Il propose une révision des PEC- CO (projets Culturels Educatifs en Catalan et/ou Occitan) : il s’agit d’en faire un dispositif concerté avec l’état (DRAC) pour flécher une partie des moyens EAC – éducation artistique et culturelle – sur l’occitan et le catalan.
Vincent Rivière, chargé de mission occitan et catalan à la Région
signale qu’il rencontre des municipalités. Son objectif est de mettre en avant des demandes matérialisées dans la prochaine convention.
Il est également en contact avec les départements avec la demande qu’ils s’associent à la future convention. 10 signatures sur 12 seraient désormais acquises ou en bonne voie. Il signale le retard des négociations avec Gard et Hérault et ajoute que des négociations seront ouvertes avec les Métropoles.
Il prend l’exemple du Gers pour la précédente convention qui a inscrit l’ouverture de trois sites identifiés dans la convention académique. Cet exemple peut se décliner dans d’autres départements comme l’Aude dans le cadre de la future convention. Les sites identifiés ne constituent pas une liste exhaustive. Chaque rencontre avec les municipalités fait l’objet d’une information partagée avec les services de l’EN.
Benjamin Assié
précise que 2 départements étaient défavorables à une signature de convention pour des questions de principe (ils pensaient la question hors de leur compétence). Mais ces obstacles ont été levés en prenant en compte le besoin de revitaliser la langue et la culture qui sont une compétence partagée entre toutes les collectivités. Il signale qu’une élue du limouxin est intéressée par l’implantation d’une section bilingue.
Vincent Rivière
indique sonder les demandes des collectivités pour se tenir prêts à ouvrir éventuellement une section bilingue
Fabienne Albert, CPD,
précise qu’il faut attendre les résultats des mouvements pour étudier les faisabilités. Le DASEN ajoute que si aucune demande d’ouverture de site bilingue n’est exprimée, il n’est pas possible de l’obtenir. La demande doit être pertinente.
MJ Verny – CREO
Se réjouit des engagements de la région, et attend avec impatience la réponse du ministère. Elle signale que, en ce qui concerne l’enseignement supérieur, l’occitan a gagné le label de discipline rare attribué à des disciplines ayant de faibles effectifs de chercheurs mais considérées comme précieuses (double sens du mot « rare ». Notification a été adressée à tous les établissements d’enseignement supérieurs concernés, dont l’INSPE, qui dépend de l’Université de Montpellier, et à l’Université Paul-Valéry. Ce label doit, en principe, protéger les moyens des universités et il ne faut pas hésiter à l’afficher. Voir http://www.felco-creo.org/16-04-23-loccitan-langue-doc-reconnu-discipline-rare-par-le-ministere/. La présidente de l’Université Paul-Valéry a communiqué à ce sujet auprès de toute la communauté universitaire.
Par ailleurs, MJ Verny signale que le groupe de travail Lozère a présenté l’enquête qui a permis d’identifier des ressources dormantes ou qui souhaitent se former. L’idée de cette enquête était partie de l’Aude. Où en est l’Aude ?
Selon Fabienne Albert, CPD :
on connait les ressources dormantes : 46 personnels titulaires du CRPE spécifique ont été formés pour 9 postes bilingues existant sur le département. Mais beaucoup ne font même pas de sensibilisation dans leur classe. À nous de trouver les moyens de redonner envie à ces personnels de transmettre la culture et la langue occitane/
MJ Verny – CREO
comment les dynamiser ? Il arrive que les jeunes professeurs, s’ils ne sont pas en situation d’enseigner l’occitan après leur concours, se retrouvent en situation d’insécurité linguistique. IL faut imaginer, au moins pour ceux qui ne sont pas de mauvaise volonté, des dispositifs pour les regagner à l’intérêt de l’occitan
Fabienne Albert
précise qu’ils reçoivent un courriel personnel tous les ans, où on leur présente la thématique du projet.
Gilles Arbousset
prend la défense des collègues et signale que la dernière ouverture de classe bilingue s’est faite en 2008 ! Entretemps, les collègues titulaires du concours se sont installées y compris sur le plan familial et beaucoup ont perdu leurs premières motivations.
JF Albert
intervient sur le besoin d’une convention très précise basée sur une connaissance fine du territoire.
Mme Pinatel, FCPE
souligne l’apport de ces langues rares : beaucoup d’enseignants qui pratiquent la langue des signes. Pour elle une évaluation positive doit valoriser les avancées des élèves.
Vincent Rivière
note que sur les ressources dormantes, historiquement, il n’y avait pas de stratégie au niveau académique. Au sein de la convention, au-delà de la précision des objectifs de la future convention, il lui semble utile que l’on réfléchisse à flécher les postes sur lesquels sont nommés des enseignants habilités ayant demandé et obtenu une mobilité. Il faut utiliser les leviers pour aller vers la généralisation de l’offre.
Monsieur Le DASEN
répond qu’il est difficile de flécher de cette manière : il faut tenir compte d’un dialogue social avec l’enseignant et l’équipe pédagogique qui l’accueille
M. Loussert, Calandretas,
signale un besoin d’aide pour s’implanter dans certains lieux car il a la conviction que la demande existe. Il souligne que l’implantation d’une calandreta dans un quartier sensible et multiculturel a fonctionné. Des élèves du département ne sont jamais allés à la Cité de Carcassonne, note-t-il.
6- Le DASEN conclut par un satisfecit :
tout ce qui se dit en groupe de travail se traduit par des actions sur le terrain. Il y a une complicité entre les différents acteurs pour faire avancer l’occitan sur le territoire. La communication commence à s’améliorer – des élus par exemple commencent à me parler d’implanter l’occitan sur leur territoire. Il rappelle le besoin de prévenir les maires pour les écoles qui vont proposer de l’occitan en renforcé.
Compte rendu rédigé par Marie-Jeanne Verny, grâce aux notes de Sylvain Blachon, OPLO
et aux ajouts et corrections de plusieurs participants