Rencontre du 14 janvier 2020 – Région Occitanie-Pyrénées-Méditerranée
Jean-Luc Gibelin, vice-président du Conseil Régional et Agnès Saurat, attachée
M.-Jeanne Verny, Philippe Martel, Claire Torreilles, membres du CREO Lengadòc, association académique fédérée dans la FELCO.
Mme Carole Delga, présidente de la Région Occitanie a toujours paru recevoir favorablement les délégations de la FELCO et des CREOs Langadòc et Toulouse, venues lui exposer en 2018 et en 2019 la situation de l’enseignement public de l’occitan. Pourtant, depuis plusieurs années, les demandes ne sont pas suivies des effets escomptés et des incompréhensions semble exister au sein de l’assemblée territoriale où la question occitane et les « Occitans » en bloc font parfois l’objet d’appréciations négatives et primaires. M-J Verny en fournit plusieurs exemples venant de rencontres avec des élus départementaux ou régionaux. Nous précisons, quant à nous, que nous représentons l’association académique des enseignants d’occitan du service public de l’Education nationale.
Nous tenons cependant en préambule à souligner les effets heureux du volontarisme de la politique de la Région Occitanie – Pyrénées – Méditerranée en faveur des langues régionales dans les domaines de la culture (réussite incontestable de Total Festum, qui irrigue tout le territoire) et du patrimoine vivant : la fusion du CIRDOC et de l’Institut occitan de Pau en EPCC a été un point d’orgue récent qui consolide l’immense développement qualitatif et quantitatif par le CIRDOC depuis dix ans.
Nous remettons à nos interlocuteurs un dossier reprenant les dernières interventions de la FELCO auprès du Ministère, afin de leur donner un tableau général de la situation sur l’espace occitan. Voir sur le site de la FELCO http://www.felco-creo.org/category/nostras-accions/la-felco-e-lo-ministeri/.
Les représentants du CREO Lengadòc s’étonnent de la méconnaissance constatée chez la plupart des élus à propos de l’existence même de l’enseignement de l’occitan dans le service public d’éducation qui a pourtant été mis en place dans le cadre règlementaire depuis plus d’un demi-siècle et qui s’est depuis lors développé (y compris sur le terrain de l’enseignement bilingue à parité horaire), même si les politiques menées depuis 2004 lui ont porté des coups très durs.
Ils tiennent à rappeler en préalable :
– L’existence spécifique et structurée de l’enseignement de l’occitan à l’école publique, à tous les niveaux (primaire, secondaire, supérieur). Les associations d’enseignants d’occitan comme le CREO, à l’échelon régional, ou la FELCO, à l’échelon interrégional, demandent à être considérées pour ce qu’elles sont, et non comme la composante indistincte d’un ensemble flou appelé « les Occitans[1] ».
– Les besoins et attentes spécifiques de l’occitan à l’école publique, c’est-à-dire d’une offre d’enseignement à tous les élèves, comme cela se pratique en Corse par exemple où il n’existe pas de système d’écoles associatives, mais où le taux de scolarisation en enseignement bilingue public à parité est très élevé (45 % des élèves) et où un enseignement d’initiation est proposé aux 55 % d’élèves restants.
En matière de langues régionales, l’égalité républicaine fonctionne mal… Le statut d’option réservé à l’occitan le place en situation très défavorable dans le contexte actuel des réformes. Raison de plus pour affirmer localement le soutien que peuvent attendre des Régions les langues régionales.
Pour cela, M-J Verny demande à J-L Gibelin des conseils pour établir des contacts avec des élus régionaux afin de leur exposer la situation de l’enseignement public de l’occitan. Elle pense notamment aux présidents des groupes qui composent la majorité.
Jean-Luc Gibelin fournit plusieurs noms et attributions
- Nicolas Cossange, pour le PCF
- Christian Assaf, pour le PS
- Didier Codorniu, pour les radicaux de gauche
- Véronique Vinet, présidente du groupe « nouveau Monde »
- Kamel Chibli, délégué à l’Education et à la jeunesse.
Dans notre région, en effet, il y a des blocages nombreux.
Un exemple est celui de la signature d’une convention entre Région et rectorat de Montpellier, qui est présentée depuis plusieurs années comme imminente. Il en a été question au dernier CALR (conseil académique des langues régionales, voir texte réglementaire http://www.felco-creo.org/creation-dun-conseil-academique-des-langues-et-cultures-regionales-bo-du-13-septembre-2001/) de juin 2019 où Mme la rectrice n’avait n’incertitude que sur le choix du lieu de la signature.
Mais depuis cette date, il n’y a pas eu de réponse aux courriers demande d’audience adressés par le CREO, dont le dernier date de novembre 2019. Le CALR promis pour l’automne ne s’est pas tenu et aucune date n’est jusqu’à ce jour avancée.
Pour avoir une idée de l’état des lieux dans l’académie, on pourra lire le compte rendu dressé par le CREO du groupe de travail académique de février 2019 : http://www.felco-creo.org/24-02-19-compte-rendu-creo-lengadoc-du-groupe-de-travail-occitan-rectorat-21-02-19/.
Pour un état des lieux plus précis sur le département de l’Hérault, qui donne une photographie transposable à peu de choses près sur les autres départements, on pourra consulter le dossier remis à Renaud Calvat, vice-président culture et éducation du CD Hérault : http://www.felco-creo.org/06-11-19-audiencia-de-renaud-calvat-vici-psdt-del-conselh-departamental-34/ et le compte rendu de l’audience avec celui-ci : http://www.felco-creo.org/18-11-19-compte-rendu-de-laudience-r-calvat-vp-conseil-departemental-herault-creo-zo-petacon/.
Quelle intervention de la région sur le point de la signature d’une convention Rectorat / Région ?
J-L Gibelin demande qu’on lui fournisse des précisions sur la signature ou non d’une convention dans la région Nouvelle Aquitaine, ainsi qu’avec le rectorat de Toulouse en Occitanie. Il se demande également comment cela fonctionne en Bretagne.
J-L Gibelin propose d’œuvrer dans le sens d’une délibération de la Région lors d’une de ses prochaines assemblées (début mars). Pour ce faire, il doit avoir des éléments pour nourrir la demande.
La délégation s’étant engagée à fournir à JL Gibelin les exemples de conventions en cours, ceux-ci ont été mis en ligne sur le site de la FELCO à l’adresse http://www.felco-creo.org/26-01-20-les-conventions-etat-collectivites-territoriales-actuellement-en-usage/.
Notons par ailleurs que nous avons appris récemment qu’à Bordeaux, avec l’accord de la Région et le soutien de l’OPLO, « dans le cadre de la politique académique en faveur des langues régionales, le Rectorat de Bordeaux propose à ses personnels enseignants du 1er et du 2nd degré de bénéficier d’une décharge totale de service pour suivre une formation à la langue occitane. La formation comprend 468 h de cours répartis sur 26 semaines ainsi que des stages en classe et au sein du Cap’Òc -Canopé durant 7 semaines ». [Lettre aux professeurs – de toutes disciplines – du 22 janvier 2020.]
[1]Plusieurs élus récemment interrogés sur la question ont semblé n’être informés que de l’existence du réseau des Calandretas auquel nous serions supposés appartenir et qu’ils considèrent – de façon mitigée – à la hauteur des subventions demandées et accordées. Collèges et lycée (privés sous contrat) sont, disent certains, des gouffres financiers pour un nombre d’élèves réduits…