Voilà un profil de linguiste bien singulier. Gilbert Dalgalian ne se contente pas d’expliquer en détail les bénéfices d’un apprentissage précoce des langues et d’une éducation bilingue, il nourrit son argumentaire des apports des neurosciences, avec tout ce qu’elles nous révèlent sur nos émotions, notre mémoire, nos apprentissages – notamment ceux de la tendre enfance.
Mais cela ne lui suffit pas. Gilbert Dalgalian nous met aussi en face de données plus anciennes, celles de la génétique et de la paléoanthropologie. Nous sommes Sapiens parce qu’il nous a fallu parler pour nous organiser et coopérer. C’est notre richesse fondatrice.
Les nouveau-nés humains sont les petits les plus immatures de toutes les espèces vivantes, parce que la bipédie a fait de nous des prématurés, doués certes, mais vulnérables et totalement dépendants du groupe. C’est ce qui chez Homo a mis fin à la dictature des gènes au profit de l’interaction avec l’environnement et la société.
Les diversités linguistiques et culturelles sont les prolongements même de la biodiversité sous des formes inédites dues aux capacités d’adaptation et d’invention dont Sapiens était pourvu sous forme de parole articulée. Ces diversités sont aussi notre seul avenir.
Cette direction qu’a prise l’humanité, Gilbert Dalgalian propose de la nommer « glossodiversité ». Accorder toute son importance à la glossodiversité, c’est respecter nos différences et promouvoir toutes les langues.
Si la biodiversité est vitale pour l’avenir de l’espèce humaine, c’est la glossodiversité – porteuse de créativité – qui constitue à l’échelle planétaire le socle des réponses collectives aux urgences de de-main.
Structures académiques
COLLOQUE FLAREP 2023