Mme Marie-Laure Moulia et M. Nicolas Rey-Bèthbéder,
Centre Régional des Enseignants d’Occitan de l’académie de Toulouse (CREO).
Tarbes, le 11 mars 2019
À M. Thierry Aumage,
Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale
13, rue Georges Magnoac, BP 11630
65016 Tarbes Cedex
Objet : Demande d’audience sur le recul de l’enseignement de l’occitan dans les Hautes-Pyrénées.
Monsieur le Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale,
Mme Anne Bisagni-Faure, rectrice de l’académie de Toulouse, a réaffirmé dans un communiqué de presse du 19 février 2019 et dans sa réponse à divers élus et associations l’engagement de l’académie de Toulouse en faveur de l’enseignement de l’Occitan.
Il y est dit que la politique académique, « qui s’inscrit dans les priorités définies par la convention nationale du 26 janvier 2017, a pleinement vocation à soutenir l’enseignement de l’occitan ».
Or dans le département des Hautes-Pyrénées, les remontées de nos collègues et membres du Centre Régional des Enseignants d’Occitan (CREO) laissent apparaître divers signes très inquiétants de désengagement avec notamment :
– une baisse de presque 50 heures d’enseignements en collège et lycée dans les prévisions actuelles pour la rentrée 2019 alors que Madame la rectrice s’est engagée à maintenir les moyens horaires , pour la prochaine année scolaire, au niveau de ceux de cette année, pour le moins ;
– des affectations de professeurs d’occitan sur quatre ou cinq établissements. Veut-on les décourager ? Est-il possible d’en laisser d’autres sans travail alors que les élèves sont là ?
– des risques avérés de réduction des moyens pour l’enseignement bilingue et l’animation pédagogique ;
– un suivi mal assuré de l’enseignement bilingue qui n’est pas « sanctuarisé » comme l’a déclaré et souligné Madame la rectrice.
Pour quelles raisons la politique académique ne serait pas respectée dans les Hautes-Pyrénées ?
Madame la rectrice parlait de la création d’un vivier de locuteurs. Or, dans les Hautes-Pyrénées, ce vivier est au contraire en cours d’assèchement. L’occitan gascon est pourtant un marqueur identitaire important en Bigorre pour beaucoup d’élèves, de parents, d’enseignants et d’élus … Il n’y a pas de Bigorre sans Bigourdan.
Le développement du bilinguisme français-occitan constitue « une deuxième priorité académique » écrit Madame la rectrice mais il ne semble pas constituer une priorité dans les Hautes Pyrénées. Les ouvertures de sections bilingues deviennent rares et très difficiles. Sans l’augmentation importante des effectifs bilingues, dans le premier degré, le second degré sera encore plus fragilisé.
Les collèges et les lycées seront durement impactés en 2019. L’occitan disparaîtrait au lycée Dupuy de Tarbes et, dans presque tous les collèges, il recule fortement. L’information-sensibilisation est supprimée dans les collèges du 65 ce qui amènera à fermer d’autres cours l’année prochaine.
En lycée, aucun enseignement de spécialité (EDS Occitan) n’est prévu dans les Hautes-Pyrénées.
Devant ce tableau bien sombre pour la langue occitane, patrimoine de la République selon notre Constitution (article 75-1), nous vous demandons, Monsieur le directeur, de nous accorder une audience, en urgence, afin d’évoquer avec vous les mesures et moyens nécessaires pour que vous puissiez confirmer la place de l’occitan dans le département et mettre en œuvre la convention nationale du 26 janvier 2017.
Dans l’attente de votre réponse, veuillez recevoir, Monsieur le directeur, l’assurance de notre considération distinguée.
Pour le CREO 65, la présidente, Mme Marie-Laure Moulia.
Pour le CREO Toulouse, le président, M. Nicolas Rey-Bèthbéder.
Copie : Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale, Mme la Rectrice de l’Académie de Toulouse , Monsieur l’IPR d’occitan Monsieur le président du Conseil départemental, Madame la présidente de l’OPLO