L’inauguration d’un musée de la langue française installé dans le château de Villers-Cotterêts appelle un certain nombre de remarques de la part de notre association d’enseignants d’occitan- langue d’oc dans l’enseignement public :
- Comme citoyens, les enseignants d’occitan sont bien entendu attachés au français, langue commune de la République, même s’ils déplorent que trop souvent, pendant trop longtemps, pour trop de détenteurs du pouvoir central il y ait eu confusion entre langue commune et langue unique. Et ils n’oublient pas, par exemple, que l’Ordonnance de 1539, seule justification de la domiciliation d’un musée du français à Villers- Cotterêts, a eu pour effet collatéral de bannir de l’usage écrit public la seule « langue régionale » alors employée dans un tel registre, l’occitan. Et c’est comme citoyens qu’ils refusent ce monolinguisme exclusif et mutilant
- Il semble cependant que le musée fasse une place à l’évocation des langues de France autres que la langue officielle. La FELCO considère que ce n’est somme toute que justice. Elle réserve toutefois son jugement définitif, en attendant d’une part de savoir au juste qui s’est chargé de fournir les informations concernant ces langues, et d’autre part quel discours est tenu à leur sujet. Le fait que le mot « patois », pourtant totalement dénué de tout sens scientifique, figure au nombre des mots-clés qui ornent l’étrange plafond illustré du musée n’incite pas vraiment à l’optimisme.
- La FELCO a pris connaissance du discours prononcé par le président de la République à l’occasion de cette inauguration. Elle y retrouve, comme souvent, l’affirmation de la sollicitude de l’actuel gouvernement à l’égard des langues régionales et de leur enseignement. Mais à la lumière de ce qui est l’expérience quotidienne de ses adhérents, elle ne peut manquer de confronter cette affirmation à la réalité du traitement réservé à ces langues par l’administration de l’Éducation nationale depuis maintenant plusieurs années, traitement bien moins favorable que ce qui est affiché. Il y a là une contradiction gênante à laquelle on souhaiterait que le gouvernement mette fin, au-delà des consolations rhétoriques qui nous sont prodiguées dans des occasions prestigieuses telles que l’inauguration de ce musée.