18-11-19. Compte-rendu de l’audience R. Calvat (VP conseil départemental Hérault) / CREO – Zo Petaçon

Comme annoncé sur notre site internet (http://www.felco-creo.org/06-11-19-audiencia-de-renaud-calvat-vici-psdt-del-conselh-departamental-34/), le CREO Lengadòc (MJ Verny, psdte) ainsi que l’association pour l’animation pédagogique en occitan Zo Petaçon (représentée par Céline Serva, conseillère pédagogique départementale pour l’occitan) ont été reçus par Renaud CALVAT Vice-psdt du conseil départemental de l’Hérault, accompagné de Pierre LAURENCE, Chef du Service du patrimoine culturel, Département culture au Conseil général de l’Hérault.

Le CREO et Zo Petaçon présentent à leurs interlocuteurs le document de travail destiné à préparer la réunion et contenant notamment des données chiffrées sur la situation des collèges du département, en ligne sur ce lien.

En guise d’introduction, la présidente du CREO fait remarquer qu’une allusion du président du Conseil Départemental à son soutien à la culture et à la langue occitanes serait la bienvenue lors de sa présentation officielle des vœux 2020.

Ce serait une action symbolique d’une volonté de mettre la langue et la culture en circulation dans l’espace public, de même, sera-t-il dit un peu plus tard, que la présence, dans le bulletin mensuel du Département d’un texte ou de titres d’articles traduits en occitan, comme le pratiquent d’autres collectivités territoriales.

Les deux intervenantes présentent ensuite les structures représentées :

  •  Zo Petaçon est une association-relais dont la fonction est d’aider à l’organisation des projets pédagogiques 1e et 2nd degrés. Il s’agit de rassembler ces élèves  dans un projet pédagogique fédérateur.
  • Le CREO est l’association professionnelle des professeurs d’occitan de l’enseignement public (écoles, collèges, lycées) dont la fonction est de défendre et de promouvoir l’enseignement de l’occitan dans l’académie. Le CREO est la composante académique de la FELCO, fédération des enseignants de langue et culture d’oc (académies d’Aix, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Limoges, Montpellier, Nice, Toulouse…). Outre cette fonction de défense institutionnelle, en lien avec les élus, les syndicats et en relation avec les autorités académiques, le CREO aide aussi ponctuellement les projets pédagogiques construits par les enseignants, il participe aux frais engagés par ceux-ci dans le cadre des écoles et universités d’été qui complètent une formation réduite à sa plus simple expression dans le cadre officiel de l’Éducation Nationale. Le CREO organise également une journée pédagogique annuelle, ouverte au public, dans le cadre de Total FESTUM, manifestation aidée par la Région et cofinancée, selon les cas, par la municipalité accueillante (Bouzigues 2019, Sommières 2020…) et bien entendu aidée par la subvention du conseil départemental.

Les demandes du CREO au département ne sont pas forcément financières, elles sont aussi politiques :

  •  Affichage d’une politique de soutien à l’enseignement public de l’occitan
  •  Interventions auprès du rectorat
    • pour souligner l’appauvrissement de l’offre d’enseignement dans l’Hérault (28 collèges en 2003, seulement 17 en 2019)
    • pour souligner l’absence de cohérence et de suivi des cursus entre le primaire et les collèges. À cet effet, le CREO, par l’intermédiaire de Céline SERVA, conseillère pédagogique départementale, qui suit notamment le cycle 3 (CM1 :CM2 :6ème) fournira une carte des écoles et collèges de l’Hérault montrant tous les « trous » dans la continuité
    • pour souligner les carences dans l’organisation des conseils académiques langues régionales (CALR) et demander que s’organisent aussi des groupes de travail restreints et réguliers destinés à creuser les questions et proposer des remédiations aux problèmes rencontrés.

Concernant la situation de l’enseignement public de l’occitan, Renaud Calvat demande des éclaircissements sur les dégradations constatées (nombres de sites et nombre d’élèves) telles que présentées en page 7 et 8 du document préparatoire à l’entrevue.

Elles sont de plusieurs ordres, selon ses interlocutrices :

  • baisse des postes au concours en 2004 : passage de 15 postes annuels de certifiés à 4 pour l’ensemble des académies concernées, d’où un déficit annuel de 10 postes, qui a entraîné fatalement une diminution drastique de l’encadrement pédagogique. Les collègues, employés à « boucher les trous » sur plusieurs établissements n’ont pas eu la même énergie ni les mêmes disponibilités pour construire des projets innovants et « recruter » ou fidéliser les élèves
  • hostilité affichée par le Rectorat quant à l’enseignement des langues régionales (A. Le Pellec-Muller) ; la personne qui a pris la suite s’est montrée apparemment plus avenante lors des deux conseils académiques qu’elle a dirigés, mais les choses n’ont guère changé sur le terrain…
  • dessaisissement de la chargée de mission IPR d’occitan quant à l’organisation et à la structuration de l’enseignement, confiées à la DASEN de l’Aude, dont on ne peut pas dire qu’elle y mette une grande bonne volonté.
  • réformes successives, collèges d’abord, puis lycées, qui ont déstabilisé les cursus et les équipes, créé des situations de concurrence entre disciplines, et dont la raison inavouée, mais bien réelle, était de se concentrer sur les « apprentissages fondamentaux » au détriment des élargissements culturels.

La conséquence en est de grandes situations de souffrance au travail que connaissent tous les enseignants et qui sont fatales pour les enseignants d’occitan.

Pour plus de précisions, on pourra se reporter au compte-rendu rédigé par le CREO du groupe de travail sur l’occitan organisé au rectorat le 21 février 2019 : http://www.felco-creo.org/24-02-19-compte-rendu-creo-lengadoc-du-groupe-de-travail-occitan-rectorat-21-02-19/

Nos interlocuteurs se montrent attentifs à ces analyses. Renaud Calvat suggère l’idée d’un plan d’urgence sur 5 ans.
Il pose également la question de la mixité sociale dans les collèges ou s’enseigne l’occitan et dans les sections bilingues.

Marie-Jeanne Verny souligne que la baisse de l’offre d’enseignement a joué contre cette mixité sociale, qui était beaucoup plus réelle lorsque 28 collèges (en 2003) offraient un enseignement de l’occitan, contre 17 actuellement. Elle fait remarquer que les écoles bilingues Mandela à Béziers ou Francis Garnier + Madame de Sévigné à Montpellier ne sont pas vraiment situées dans des quartiers privilégiés…

Quelles aides du conseil départemental ?

Après avoir exposé les difficultés financières croissantes des départements et autres collectivités territoriales, Renaud CALVAT présente les projets financés par le département dans le cadre institutionnel des Action éducative territoriales (http://www.herault.fr/les-actions-educatives-territoriales-aet). Il souhaite pour sa part que des projets occitans émergent dans ce cadre.

Renaud Calvat propose également que l’association Zo Petaçon, en complément de sa demande d’aide habituelle, puisse déposer une demande d’aide spécifique relative à un projet culturel réalisé avec des élèves de collèges, par exemple en lien avec le projet académique occitan. Ce projet pourrait être aidé à hauteur de 50 % pour un budget maximum de 1 000 €

Céline Serva et M.J. Verny se montrent bien entendu intéressées par ces deux propositions et soulignent leur partenariat avec le CIRDOC qui a aussi pour mission d’aider à la transmission de la langue et de la culture occitanes. Jeanne-Marie Vazelle y est chargée de la production et la valorisation des ressources éducatives. Elle sera sollicitée pour apporter son concours au montage de tels projets.

Posant la question du statut de Pierre Laurence, elles soulignent l’intérêt qu’il y aurait pour le département à lui adjoindre un chargé de missions spécifiquement chargé de la langue et de la culture occitanes.

Par ailleurs, elles évoquent le rassemblement de toutes les langues de France le 30 novembre à Paris à 11 h devant le Ministère, ainsi que l’appel à soutien dont elles souhaitent qu’il soit signé par le président du conseil départemental et les autres élus : https://www.change.org/p/jean-michel-blanquer-mobilisation-g%C3%A9n%C3%A9rale-pour-que-vivent-nos-langues

 

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