18-12-24 – Amin Maalouf reçoit le collectif « Pour les littératures en langues régionales à l’École »

Compte-rendu de l’entrevue entre Amin Maalouf, secrétaire perpétuel de l’Académie française, et une délégation du Collectif « Pour les littératures en langues régionales à l’École »

La délégation du Collectif était composée de Philippe Blanchet, Michel Feltin-Palas, Céline Piot, Philippe Pratx, Marie-Jeanne Verny, présents à Paris, et de Philippe Martel et Pascal Ottavi en visioconférence.

En introduction, Philippe Pratx a rappelé l’origine, les objectifs et les actions du Collectif en particulier la pétition lancée en décembre 2022 qui, à ce jour, a recueilli plus de 16 000 signatures (https://www.mesopinions.com/petition/art-culture/vraie-place-litteratures-langues-regionales-programmes/193595).

Amin Maalouf estime que le nom du Collectif est convaincant, car il porte une vision généreuse. La cause est juste et même évidente, l’objectif visé noble et nécessaire.

Il s’agit tout autant de faire connaître un patrimoine littéraire, de montrer que la littérature en langues dites régionales fait partie de la culture commune, de mettre en avant la création artistique actuelle que de contribuer aussi à la formation du citoyen qui passe par la connaissance et d’éduquer par le partage. En effet, l’assignation des littératures à l’enseignement des langues « régionales » ne correspond pas à l’idée de partage. Pourquoi seuls les élèves basques apprendraient-ils qu’il existe une littérature en basque ? En outre, redonner une dignité aux langues, c’est redonner une dignité à leurs locuteurs.

La réalité de la France est qu’elle est un pays multilingue, en raison de l’existence – toutefois menacée de disparition – de ses nombreuses langues « régionales », des langues de l’outre-mer et des langues de l’immigration. La diversité n’est pas une menace contre l’unité nationale. La démarche du Collectif est à l’opposé d’un repli identitaire. Et il est une évidence : il n’est pas plus difficile à un professeur de littérature d’enseigner Mistral que d’enseigner Kafka.

Pour le secrétaire perpétuel de l’Académie française, le combat du Collectif devrait être facile à gagner, car, si l’idée d’une langue unificatrice pour faire nation a eu longtemps cours, aujourd’hui, on arrive enfin à comprendre la différence entre langue unique et langue commune. Il s’engage à aider le Collectif, que ce soit auprès du Conseil Supérieur des Programmes, de l’Inspection générale (de français notamment) et des responsables politiques.

Il ne s’agit pas de prendre position pour l’enseignement des langues « régionales » mais de se concentrer sur la littérature en langues « régionales ». En ciblant sur la question des programmes de littérature, la cause défendue pourra avancer.

C’est pourquoi, si la publication d’une anthologie des œuvres de littérature en langues « régionales » est certes souhaitable, Amin Maalouf souhaite que le Collectif établisse avant tout un corpus d’une vingtaine d’œuvres en langues « régionales » avec un échantillon bilingue. Cette liste, volontairement courte et stable afin qu’elle puisse être adoptée par les concepteurs des programmes scolaires, constituera la première étape, « la clé permettant d’ouvrir la porte ». Ce corpus doit intégrer la diversité des langues « régionales », des époques, des auteurs, des formes et genres littéraires, des niveaux de scolarité (du primaire au secondaire). Il peut y avoir aussi une entrée par thèmes.

Amin Maalouf souhaite revoir le Collectif dans environ trois mois. D’ici ce prochain rendez-vous, le Collectif est chargé d’établir ce corpus afin de le lui proposer.

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