Lire la version occitane sur ce lien : 2110-19- CREO-Benjamin assié
***
Le CREO, qui a tenu son assemblée générale ce samedi 16 octobre, remercie Benjamin ASSIÉ d’avoir accepté de dialoguer avec les acteurs de l’occitanisme. Notre AG a évoqué quelques éléments qui tiennent particulièrement à cœur aux militants de l’enseignement public que nous sommes. Notre collègue Fabienne Albert a été mandatée pour porter notre voix.
D’abord, nous avons souligné le fait que nous ne nous situons aucunement en concurrence avec qui que ce soit, pour parler clair, avec Calandreta. Ils font leur travail, nous faisons le nôtre. Parfois il nous arrive de nous retrouver (comme dans le cadre de « Pour que vivent nos langues » où les associations du public – OCBI et FELCO- sont actives depuis le début.)
Les acteurs de l’enseignement public aussi bien que ceux de Calandreta ont besoin d’une présence publique et orale de la langue dans les espaces publics, hors de l’école, notamment dans tous les domaines de compétence de la Région Occitanie : transports (où il y a déjà un bon début d’action), maisons de la Région, journaux édités par elle.
Les enseignants de l’école publique comme ceux des écoles associatives ont besoin de création artistique, d’édition littéraire, d’événements culturels de qualité.
Pour toutes ces raisons, il est urgent que la Région double dans les meilleurs délais le poste de chargé de mission aux cultures occitane et catalane. Nous rappelons qu’au temps de « l’ancienne Région LR » le chargé de mission avait la charge de 5 départements. Avec le passage à la « Grande Région », nous avons 13 départements pour un seul poste (il y avait deux postes au commencement). La diminution des ressources humaines n’est pas du tout à la hauteur des besoins.
Nous demandons que l’enseignement public de l’occitan soit mis en valeur plus qu’il ne l’est jusqu’à présent, que ce soit dans la presse ou auprès des élus.
Nous rappelons en particulier que l’enseignement public
- scolarise, même en occitan, le plus grand nombre d’élèves, dans toutes les modalités ou filières existantes.
- a pour principe une stratégie d’offre d’enseignement, même si la demande n’est pas avérée.
Nous rappelons aussi qu’en 2020, la majorité du Conseil Régional a adopté un vœu de soutien à l’enseignement public que vous trouverez en annexe.
Nous rappelons encore l’article 7 de la loi MOLAC : « Sans préjudice de l’article L. 312-11-1, dans le cadre de conventions entre l’Etat et les régions, la collectivité de Corse, la Collectivité européenne d’Alsace ou les collectivités territoriales régies par l’article 73 de la Constitution, la langue régionale est une matière enseignée dans le cadre de l’horaire normal des écoles maternelles et élémentaires, des collèges et des lycées sur tout ou partie des territoires concernés, dans le but de proposer l’enseignement de la langue régionale à tous les élèves ».
Nous demandons enfin à la Région de travailler à la visibilité de l’enseignement public souvent inconnu des élus et du grand public.
Notre AG suggère :
1 – édition d’une plaquette pour l’enseignement bilingue réédition de celle fabriquée par le CRDP qui est valide, si l’on met à jour la carte des écoles bilingues en Occitanie.
2 – la réalisation d’une vidéo de qualité professionnelle sur l’existence de l’enseignement public
3 – la réalisation de reportages de qualité dans les magazines régionaux, comme ceux que fait Montpellier/Métropole actuellement : https://www.montpellier3m.fr/sites/default/files/mag/pdf/20211001/mag_metropole_numero_5-p38-47.pdf)
3 – l’augmentation de la dotation aux PEC-CO. Ce soutien de la Région, essentiel pour l’ouverture culturelle, semble avoir drastiquement diminué.
4 – l’augmentation (en concertation avec l’OPLO) de la bourse « Ensenhar » pour une deuxième année, puisque la préparation au concours est maintenant de deux ans.
5 – d’assurer une information / sensibilisation aux questions d’enseignement de l’occitan auprès des représentants de la Région aux CA dans les lycées où ils siègent (Sabatier Carcassonne, Henri IV Béziers, Clemenceau Montpellier, Jean Moulin Pézenas, Daudet Nîmes, Chaptal Mende, Roussel St Chély d’Apcher).
Le CREO se tient à la disposition de Benjamin Assié pour tout échange complémentaire et le remercie de son engagement.
Annexe : le vœu du 5 mars 2020
Le vœu a été adopté avec 86 voix, 1 contre, 1 abstention, 35 « ne prend pas part au vote ». (Les débats de l’assemblée plénière du CR Occitanie-PM : à voir sur https://live.streamfizz.com/index.php/embed/id/421#, 7:56:57 sur la vidéo ; sinon dans la liste déroulante cliquer sur « Vœu de compromis n°1 déposé par les groupes NM-SRC-GR: POUR L’ENSEIGNEMENT PUBLIC DE LA LANGUE OCCITANE »)
Vœu déposé par le Groupe Nouveau Monde, le Groupe Socialiste, Républicain et Citoyen, le Groupe des Radicaux.
Pour l’enseignement public de la langue occitane
Dans un contexte de forte inquiétude au sein de la communauté enseignante et celle des parents d’élèves, sur fond de réforme du lycée sacrificielle pour une multitude d’enseignements, la question de l’accès à un enseignement public de l’occitan doit être portée au sein de cette Assemblée. En réduisant la place faite aux langues régionales dans les modalités du nouveau baccalauréat, ce sont, dès la rentrée 2019, plusieurs centaines de lycéens qui se sont retrouvés privés d’un enseignement de la langue occitane.
Les moyens humains, les formations de qualité, un recrutement ambitieux et surtout une volonté politique nationale sont les ingrédients indispensables au bon développement des langues.
Mais nul ne peut ignorer les différences de traitement entre les langues régionales en matière de moyens dédiés et de maillage du territoire. La Bretagne a, par exemple, pu inscrire sa convention spécifique pour la transmission des langues de Bretagne dans un document intitulé « Pacte d’Avenir pour la Bretagne ». La Corse, de son côté, progresse toujours plus et a créé une filière d’enseignement bilingue a parité horaire portant l’0bjectif de 2020 a 20 % de lycéens inscrits dans ce cursus. D’autres exemples pourraient être développés, qui illustreraient les écarts parfois abyssaux qui existent entre les régions, de quoi inciter à travailler à un alignement sur les langues les mieux dotées.
Malheureusement, l’inégalité existe également au sein d’un même espace linguistique.
Le 26 janvier 2017, une convention-cadre « pour le développement et la structuration de l’enseignement contribuant à la transmission de l’occitan dans les Académies de Bordeaux, Limoges, Montpellier, Poitiers et Toulouse » était signée a Toulouse entre la Ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, les Présidents des Régions Occitanie-Pyrénées-Méditerranée et Nouvelle Aquitaine et la Présidente de l’Office Public de la Langue Occitane.
Rappelons que cette convention-cadre engage les signataires pour une période de cinq ans (de 2019 a 2022) et a pour objectifs principaux :
- de valoriser la langue et la culture occitanes,
- de développer l’enseignement bilingue,
- d’en faciliter l’accès au plus grand nombre,
- d’en assurer la continuité de l’école au lycée,
- et d’informer les familles des possibilités d’enseignement.
Restaient cependant à signer les déclinaisons académiques de ce document officiel, déclinaisons qui précisent la mise en œuvre effective du dispositif et indiquent des objectifs chiffrés de développement de |’enseignement de |’occitan.
Les conventions particulières pour le développement et la structuration de l’enseignement de |’occitan ont fait l’objet de signatures le 11 décembre 2017 pour |’Académie de Bordeaux et le 2 février 2018 pour |’Académie de Limoges.
Toulouse et Montpellier sont en attente.
Les conseillers régionaux d’Occitanie, réunis en assemblée plénière le 5 mars 2020 :
- demandent aux Académies de Toulouse et de Montpellier de s’engager rapidement dans la signature des conventions pour le développement et la structuration de l’occitan,
- interpellent le Ministère de l’Éducation nationale afin que l’enseignement public de la langue occitane obtienne la considération et les moyens nécessaires au titre de l’égalité territoriale,
- demandent au Ministère de l’Éducation nationale de procéder aux réajustements nécessaires des réformes du lycée et du baccalauréat pour élargir et revaloriser l’offre d’enseignement des langues régionales au lycée qui a été très fortement réduite par les nouvelles modalités.
- Nicolas COSSANGE, C0-Président Groupe Nouveau Monde
- Christian ASSAF, Président Groupe Socialiste, Républicain et Citoyen
- Sylvia PINEL, Co-Présidente Groupe des Radicaux
- Véronique VINET, Co-Présidente Groupe Nouveau Monde
- Patric ROUX, Conseiller régional Délégué à la langue occitane
- Didier CODORNIOU, Co-Président, Groupe des Radicaux