Cet entretien d’une heure a été l’occasion de présenter à Monsieur Jérôme Moynier le CREO et la situation de l‘enseignement public de l’occitan. Le présent compte rendu a été rédigé par le CREO et relu par Monsieur Moynier.
Notre interlocuteur a été très attentif à une situation et à des questions qui n’étaient pas, jusqu’alors, dans ses champs d’action, ce qu’on ne saurait lui reprocher. Nous tenons à le remercier chaleureusement du temps qu’il nous a consacré.
Nous lui avons remis
- Un document élaboré par l’Office public pour la langue occitane à l’attention des collectivités territoriales
- Un document rédigé à l’attention de Monsieur Renaud CALVAT, qui nous avait reçus alors qu’il était vice-psdt à la culture du Département. Si les chiffres n’y sont pas actualisés, l’esprit de nos demandes est globalement le même.
Parmi les points abordés :
Cadre général
- Présentation du CREO, association académique, fédérée, au niveau des 8 académies de l’espace occitan, dans la FELCO. Le CREO est une association dédiée à la défense de l’enseignement public de l’occitan, les écoles publiques étant celles où sont scolarisés l’immense majorité des enfants qui vivent ici, quelle que soit leur origine
- Nécessité de développer une politique d’offre à tous, sans attendre la demande de familles plus « militantes »
- Conjoncture favorable dans l’Académie, suite à une volonté conjointe du Rectorat et de la Région de développement de l’enseignement de l’occitan
- Conjoncture favorable grâce à l’existence de l’Office public pour la langue occitane (https://www.ofici-occitan.eu/fr/accueil/), présidé par Jean-Luc Armand, Conseiller régional délégué Région Aquitaine, deux vice-présidents : Benjamin Assié, Conseiller régional délégué Région Occitanie-Pyrénées-Méditerranée, et Mostafa FOURAR, Recteur de l’académie de Toulouse
- Conjoncture favorable au plan national, grâce à la LOI n° 2021-641 du 21 mai 2021 relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion (1)., souvent dite « Loi Molac », du nom de son rédacteur. L’article 7 de cette loi, désormais intégré dans le Code de l’éducation (L. 312-11-2.) dispose que « Sans préjudice de l’article L. 312-11-1, dans le cadre de conventions entre l’État et les régions, la collectivité de Corse, la Collectivité européenne d’Alsace ou les collectivités territoriales régies par l’article 73 de la Constitution, la langue régionale est une matière enseignée dans le cadre de l’horaire normal des écoles maternelles et élémentaires, des collèges et des lycées sur tout ou partie des territoires concernés, dans le but de proposer l’enseignement de la langue régionale à tous les élèves. »
- Mise en navette État / Région de la nouvelle convention évoquée par la loi. Il serait souhaitable, comme c’était le cas de certains départements de Midi-Pyrénées pour la précédente, arrivée à terme en décembre 2022, que les avenants soient signés par les départements et les grandes métropoles, compétents en matière de scolarité en primaire et en collège.
Au niveau du Conseil départemental
- Une obligation de financer des missions de solidarité toujours plus importantes sur ce territoire d’accueil sans réactualisation financière des dotations de l’État (mineurs, femmes enceinte, RSA, FSL, APA, AAH) donne l’impression que notre département ignore la question de la culture occitane, de l’enseignement de l’occitan, ce qui suscite chez les militants de l’enseignement public une certaine déception, voire une déception certaine. Le président, Kléber Mesquida, lorsqu’il était député, avait toujours répondu à nos sollicitations sous forme notamment de questions écrites au gouvernement. Il y a là un hiatus par rapport aux engagements de la Région (https://www.laregion.fr/IMG/pdf/3/3/7/cultura_viva_fr_web.pdf) ou par rapport à celui d’autres départements. Le CREO cite la Dordogne (https://www.dordogne.fr/relever-les-defis-du-21e-siecle/perigord-terre-dexcellence/langue-et-culture-occitane), département exemplaire, et pourtant bien plus pauvre que le nôtre.
- Force est de constater que notre langue est invisible dans les lieux d’expression du département (pas de signalétique bilingue, pas de place dans les publications papier ou électroniques).
- Aucun élu n’est en charge explicitement de la question, aucun chargé de mission.
- La participation du Département aux réunions auxquelles il est invité par le Rectorat (deux Conseils académiques des langues régionales et deux groupes de travail départementaux) est épisodique et non suivie : ce ne sont jamais les mêmes élu.es qui siègent même si celles-ci (il s’agissait d’élues) ont manifesté un réel intérêt.
Des demandes
Elles sont implicites dans les points abordés ci-dessous :
- La langue occitane doit être VISIBLE et AUDIBLE dans notre Département : les enfants qui étudient l’occitan ont besoin que la langue soit présente dans l’espace public
- Celui-ci doit déléguer un.e élu.e chargé de la question, assisté.e d’un.e chargé.e de mission
- Celui-ci doit être présent dans les réunions dédiées à l’enseignement de l’occitan à l’invitation du Rectorat ou de la Direction académique de l’Hérault.
Plus globalement, à l’instar de la Région (ou du département de la Dordogne), une politique départementale en faveur de la langue et de la culture occitane et de leur enseignement doit être mise en chantier.
NB : Monsieur Moynier nous a confirmé sa présence lors de l’ouverture de la journée Total Festum le samedi 1er juin au Jardin des plantes de Montpellier (https://www.felco-creo.org/1er-juin-2024-montpelhier-total-festum-creo-lengadoc-festenal-de-la-biodiversitat-locala/