Courrier adressé par la FELCO, visualiser en format PDF : ‘oc – rapport Euzet – Kerlogot
Messieurs,
La FELCO, qui représente les associations d’enseignants d’occitan-langue d’oc des huit académies concernées, a analysé le rapport soumis au Premier Ministre par Messieurs les Députés Euzet et Kerlogot.
Notre fédération déplore le fait que ce rapport utilise, pour désigner l’occitan-langue d’oc, une terminologie erratique qui tantôt désigne la langue dans son ensemble, tantôt l’éparpille dans certaines de ses expressions dialectales (« gascon, languedocien, provençal, nissart »).
Les rapporteurs sont certes ici tributaires des données que le ministère de l’Education nationale a bien voulu leur fournir, mais notre fédération tient à leur signaler que cette étrange multiplication de variantes a constamment servi d’argument aux détracteurs des langues de France pour leur refuser le statut de langues clairement identifiées. Cela au mépris de la réalité de langues qui, épargnées par une normalisation artificielle, existent à l’état naturel comme regroupement structuré de diverses variantes étroitement apparentées.
Le « gascon », le « nissart », le « provençal »… qui figurent dans le tableau intégré dans le rapport sont donc tout simplement l’occitan tel qu’il est parlé dans telle ou telle portion particulière de l’espace linguistique d’oc.
C’est un fait constaté de longue date par la romanistique internationale, et assumé par la tradition culturelle du Midi de la France telle que l’a incarnée par exemple un Frédéric Mistral qui parlait d’une langue d’oc s’étendant « depuis Nice jusqu’à Bordeaux » et « de la mer jusqu’à la Loire », tout comme ceux qui à sa suite, dans le courant occitaniste comme dans le courant mistralien, proclament tous l’unité de cette langue dans le respect de toute sa variété d’expressions.
L’immense majorité des universitaires adhèrent à cette définition à la fois ouverte et cohérente, comme en témoigne un récent document édité par l’Université ouverte des Humanités, dirigé par le linguiste Hervé Lieutard, qui étudie cette langue dans son histoire comme dans son actualité, que l’on pourra lire à l’adresse http://www.univ-montp3.fr/uoh/occitan/une_langue/co/module_L_occitan_une%20langue.html.
Il convient par ailleurs de rappeler que le Ministère de l’Education Nationale, qui dans la loi Deixonne de 1951 parlait de « langue occitane » n’utilise aujourd’hui dans tous ses textes officiels que le seul terme d’occitan-langue d’oc, comme il le fait pour le breton, le corse ou le basque, et n’a créé qu’un seul CAPES d’occitan-langue d’oc et non une kyrielle de concours étroitement locaux. Ce qui n’empêche pas chacune des académies de l’espace occitan de préciser quelles variantes particulières sont enseignées dans son ressort.
Notre fédération demande donc instamment que, quelles que soient les suites données au rapport Euzet-Kergolot, on s’en tienne à ce seul terme officiel d’occitan-langue d’oc.
De leur côté les associations professionnelles et culturelles travaillant à la promotion de cette langue ne manqueront pas de demander au Ministère des explications quant aux données qu’il a fournies aux auteurs de ce rapport.
Nous ne doutons pas de la prise en compte de notre argumentaire et, dans l’attente, nous vous prions de croire à notre attachement au service public de l’Éducation nationale.