Gardarem lo Larzac ! Menacés d’expropriation depuis l’annonce par l’État, en octobre 1970, de sa volonté d’étendre le camp militaire présent sur le plateau, 103 paysans et leurs familles s’engagent à refuser de quitter leurs fermes. Sur cette terre rurale isolée débute alors une lutte sous le signe de la non-violence. Ancré à son territoire et popularisé par de spectaculaires actions nationales, cette âpre révolte ne se départit jamais d’un humour désarmant face à l’adversaire militaire. Si elle ne doit pas être idéalisée, c’est tout de même une lutte exemplaire à bien des égards qui triomphe en 1981, au terme de 10 ans de protestation.
Cette victoire ouvre le champ des possibles à la nouvelle génération, tant par la création d’un modèle unique de gestion collective du foncier qu’en s’insérant dans des réseaux de solidarité internationale. Le « causse des causes » se dresse en bastion français de l’altermondialisme en 2003 et brandit la faux paysanne contre les OGM. En 2015, l’arrivée de la Légion étrangère sur le plateau ravive l’étincelle d’un esprit de révolte.
Comment le Larzac reste-t-il, près d’un demi-siècle plus tard, un creuset militant pérenne et solidaire ? Constitue-t-il pour les mouvements actuels (Sivens, Notre-Dame-des-Landes…) un véritable modèle d’opposition ?
Pierre-Marie Terral est docteur en histoire contemporaine de l’université Paul-Valéry – Montpellier-III. Travaillant depuis plus de 15 ans sur le mouvement du Larzac et sa descendance, il a retrouvé des archives inédites et collecté une centaine de témoignages sur le sujet qu’il publie en 2011 aux Éditions Privat sous le titre Larzac, de la lutte paysanne à l’altermondialisme.