Ce point de vue suite aux mesures présentées, le 5 décembre 2023, par celui qui était encore Ministre de l’Éducation nationale » dans un document intitulé «Choc des Savoirs – élever le niveau de notre école » s’exprime dans l’Université syndicaliste (US 841, 20-01-24 magazine du SNES-FSU)
Le collectif « Pour que vivent nos langues » a écrit en janvier à celui qui est désormais le Premier ministre pour dénoncer l’oubli des langues régionales dans les négociations censées avoir préparé ce document, et les effets des mesures annoncées sur leur enseignement, notamment dans le cadre des sites d’enseignement bilingues.
Cependant, selon le SNES-FSU, les effets des réformes annoncées seront plus graves. Dans son bulletin le SNES souligne le caractère structurel des dégâts annoncés. L’article s’appelle « Disciplines scolaires: Coup de balai à tous les niveaux ! » et il est sous-titré « Une réforme au service des fondamentaux, qui réduit les horaires disciplinaires : en Sixième les enseignements passent de 26 à 25 heures à la rentrée 2024. » un deuxième article est intitulé « Collège : Regrouper pour désorganiser« , sous-titre « Les alignements de classe vont congestionner tous les emplois du temps à la rentrée prochaine »
1er article
- Les annonces concernant le « choc des savoirs » sont violentes pour les élèves et autoritaires pour les personnels. Elles actent un renoncement à l’élévation de la qualification de toute et tous, engagent une rupture dans les progrès de démocratisation du second degré et un abandon des élèves les plus fragiles à leur sort scolaire et social.
Suppression d’horaires et d’enseignements
La mise en place des regroupements de niveau en français et en mathématiques sera notamment financée grâce à la marge horaire de trois heures par classe. Ainsi, des chefs d’établissements envisagent déjà de supprimer des enseignements facultatifs : latin, chorale… ainsi que des groupes en sciences ou en langues vivantes, par exemple. Priorité aux fondamentaux ministériels oblige ! Dans certains collèges, les horaires d’enseignements obligatoires semblent aussi menacés, alors qu’aucun texte réglementaire permettant leur réduction n’est paru.
2ème article :
- À la rentrée 2024, si la réforme annoncée n’est pas repoussée, les classes de Sixième et de Cinquième devraient être mises en barrette par 2, 3 ou 4 pour distribuer les élèves sur 3 niveaux de regroupements, sur la totalité des heures de mathématiques et de français. Pour celle de 2025, cela concernerait tous les niveaux.Avec la suppression de 484 postes dans le second degré pour la rentrée 2024, la mise en place des regroupements de niveau provoquerait des effectifs pléthoriques.
Fausses annonces…
Les créations d’emplois promises dans les médias pour assurer ces regroupements n’existent pas, il ne s’agit que d’un redéploiement de moyens existants : l’heure de soutien/approfondissement (financée par la suppression de la technologie en Sixième) et un alourdissement de la charge de travail (heures supplémentaires Pacte). Si cela ne suffit pas, il ne restera que la marge d’autonomie à siphonner, ce qui multipliera les mesures de carte scolaire et les compléments de service dans les autres disciplines.
Et, en pleine crise de recrutement, où trouver les professeur·es de français et des mathématiques nécessaires, s’il y a plus de groupes que de classes ?
Vrais problèmes…
Seul le regroupement d’élèves les plus fragiles serait garanti à 15… comme pour les ULIS à 10, qui les dépassent fréquemment. Quid des inclusions ? Est-ce que les élèves ayant des PPRE/PAP et PPS se retrouveront dans un même groupe ? Quel serait l’avenir de la structure SEGPA si les élèves en relevant sont inclus·es dans les regroupements ? Quel avenir pour les professeur·es des écoles ayant en charge ces élèves ? Dans le schéma d’un groupe limité à 15 élèves, les deux autres niveaux de regroupements seraient plus chargés qu’une classe ordinaire.
Répartir les élèves ne serait pas simple car les évaluations nationales ne discriminent pas finement les résultats. Il y aurait des effets de seuil et pas de place pour certains élèves dans le regroupement idoine.
Comment travailler ?
Un fonctionnement en barrette aussi développé contraindrait fortement tous les emplois du temps. Aucun vœu ne pourrait plus être respecté. Le risque de glisser vers des classes de niveau ne serait pas négligeable. Pour les professeur·es de mathématiques et de français, les difficultés sont nombreuses. Comment être professeur·e principal·e d’une classe ? À quels conseils de classe assister ? À la rentrée 2025, ils et elles devraient enseigner à tous les niveaux du collège afin d’assurer les alignements de classe. Une progression commune s’imposerait.
Cette réforme, inacceptable car élitiste et ségrégative, promet une nette dégradation des conditions de travail des professeur·es, autant de raisons pour se mobiliser le 1er février pour lui faire échec.