Dans un courrier adressé à de nombreux élus, madame la ministre Nicole Belloubet revient sur l’interdiction des traductions en langues régionales des consignes du brevet. Pour le collectif « Pour Que Vivent Nos Langues », cette décision est une bonne nouvelle, mais l’arbitrage de la ministre est attendu sur des sujets plus importants qu’un aménagement ponctuel et à court terme.
Suite à une forte mobilisation du monde associatif et des élus, madame la ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, a annoncé par un courrier daté du 19 avril 2024 la suspension de la décision administrative du 20 novembre 2023 interdisant la traduction des sujets du Diplôme National du Brevet (DNB) en langues régionales. Pour la session 2024 du DNB, les consignes continueront donc à être traduites, comme cela se pratique depuis plus de vingt ans lorsque les élèves peuvent composer en langues régionales dans les épreuves concernées.
Cependant, dans son courrier, madame la ministre passe sous silence les autres problèmes liés aux examens en langue régionale. Actuellement, pour le DNB, seuls les élèves des filières immersives associatives peuvent présenter l’épreuve de sciences en langue régionale. L’interdiction de le faire pour les élèves des filières bilingues publiques ou confessionnelles est maintenue. Pour le baccalauréat, la possibilité de présenter des épreuves en langues régionales avait disparu avec la réforme de 2018. Elle a été théoriquement rétablie par la circulaire de décembre 2021 prévoyant que « Les élèves ayant suivi ce cursus bilingue peuvent présenter au baccalauréat des épreuves en langue régionale ». Cependant, nous sommes toujours en attente d’une décision ministérielle précisant les épreuves entrant dans ce cadre.
Au-delà de la question des examens, alors que la loi du 21 mai 2021 relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion, dite loi Molac, prévoit la généralisation de l’enseignement des langues régionales à tous les élèves d’un territoire qui le souhaitent, depuis cette date, aucune mesure concrète en termes de moyens ministériels spécifiques n’a été prise par l’Éducation Nationale pour aller en ce sens. Par ailleurs, les réformes liées au « Choc des savoirs » vont avoir des effets néfastes sur l’enseignement des langues régionales, et malgré les alertes de notre collectif, aucune mesure de correction n’a été prise. Enfin, la réforme annoncée de la formation des enseignants oublie également la question des langues régionales et pourrait devenir une entrave au développement de leur enseignement.
Malgré les avancées législatives, l’enseignement des langues régionales reste dans une situation de très grande précarité, chaque avancée pouvant être remise en question par une réforme, une circulaire, un courrier ou une simple décision administrative. Nos langues ont besoin d’un statut qui protégera leur enseignement dans le Code de l’Éducation et imposera leur prise en compte immédiate dans le cadre de chaque réforme. Nous demandons une concertation avec la Ministre conformément à ses promesses auprès des élus : « La prise en compte d’un parcours renforcé en langues vivantes régionales fait l’objet d’une analyse particulière et fera l’objet d’une concertation avec les différents acteurs concernés. »