M. Emmanuel Isopet,
Président du CREO Tolosa
@ : creotoulouse@gmail.com le 8 juin 2020
tél : 06.51.60.01.70
Monsieur Monsieur Benoit DELAUNAY
Recteur de l’Académie de Toulouse
Objet : vers la fin de l’enseignement de l’occitan dans l’académie de Toulouse ?
Monsieur le Recteur
Au moment où s’organise le retour progressif des enfants de France dans les salles de classe de nos établissements respectifs et qu’il ne semble pas prévu un second CAEOC d’ici la fin de l’année scolaire, nous vous interpellons de la manière la plus solennelle qui soit.
L’enseignement de l’occitan a besoin d’être secouru de toute urgence, sans quoi nous pouvons affirmer qu’il vit ses dernières années.
Depuis plusieurs années, les mauvaises volontés en matière d’application des textes et conventions en faveur de l’enseignement de l’occitan ont dangereusement érodé les effectifs. La réforme du lycée et du baccalauréat a porté un coup violent supplémentaire. Comme vous avez pu le constater lors de la dernière rentrée, 10 établissements ont fermé cet enseignement dans notre académie. A cela s’ajoute une baisse inédite de 20 % de l’effectif de lycéens tandis que nous déplorons aucune ouverture de section bilingue et de plus en plus de soucis de continuité dans l’enseignement bilingue, pourtant priorité académique. Les craintes que nous exprimions depuis plusieurs mois se réalisent.
Pour ne rien arranger, la situation de confinement a désorganisé cette fin d’année en coupant le lien entre les enseignants, les élèves et les parents, faisant ainsi peser de grands dangers sur la rentrée 2020. La plupart de nos collègues n’ayant pu passer dans les classes pour promouvoir l’occitan et mobiliser les élèves, il est fort à craindre une nouvelle érosion des effectifs à la rentrée prochaine.
A tout cela s’ajoutent les inquiétudes des futurs bacheliers et de leurs enseignants par rapport à la prise en compte réelle de l’enseignement de l’occitan dans le cadre du contrôle continu. De nombreux cas de figure ne semblent pas avoir été pris en compte d’après les remontées du terrain.
Il semble aussi que certains établissements projettent de fermer l’enseignement de l’occitan à très court terme. Nous ne pouvons accepter que la politique académique menée avec intelligence et concertation depuis plusieurs décennies dans notre académie soit liquidée ainsi.
Vous comprenez donc d’autant mieux le désespoir et les inquiétudes à un niveau inédit qui animent nos collègues et préoccupent au plus haut point notre association.
Les enseignants d’occitan ont toujours fait preuve de leur attachement au service public d’éducation. La dégradation des conditions de travail, de plus en plus difficiles, le sentiment de délégitimation de leur enseignement, l’absence de perspective claire est source de stress et de découragement.
Face à cet état de fait nous ne pouvons nous résigner.
C’est pour cela qu’un plan d’urgence en faveur de la pérennisation et du développement de l’enseignement de l’occitan s’impose. Nous vous demandons une prise de position ferme réaffirmant que la politique académique en faveur de l’enseignement de l’occitan ne sera pas la victime de la situation actuelle.
Nous vous demandons de refuser une nouvelle diminution du nombre d’établissements proposant l’occitan en encourageant de nouvelles ouvertures d’option et de classes bilingues.
Nous vous demandons simplement l’application de la Convention signée par le Ministère et la Région en 2017.
Enfin, nous renouvelons notre demande de vous faire l’écho auprès du Ministre afin que la réforme du lycée soit amendée pour faire une réelle place aux langues régionales.
Sans cela, ce serait la fin à court terme de l’enseignement de l’occitan, avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer.
Dans l’attente du prochain Conseil académique pour l’enseignement de l’occitan, que nous espérons proche, nous restons à votre disposition et à celle de vos collaborateurs pour construire l’enseignement de l’occitan dans l’académie.
Soyez assuré, Monsieur le Recteur, de nos plus respectueuses salutations
Emmanuel ISOPET
President du CREO Tolosa