L’article ci-dessous sur l’édition pédagogique à Montpellier, écrit en 2021, m’avait été commandé pour figurer dans un ouvrage général sur l’histoire de l’enseignement de l’occitan, lequel, à ma connaissance, n’a pas vu le jour. Centré sur la revue Lenga e país d’òc dont j’ai été, avec Marie-Jeanne Verny, rédactrice en chef pendant vingt-deux ans, le propos a été volontairement élargi à l’ensemble des outils pédagogiques publiés par le CRDP de Montpellier dans la période (ouvrages divers, manuels, littérature de jeunesse…) Chargée de mission d’inspection pour l’occitan dans l’académie de Montpellier, j’ai été responsable pédagogique des collections, en particulier sous l’autorité du recteur Christian Nique, de 2004 à 2012. Parce qu’il me semble utile non seulement de faire connaître le travail collectivement réalisé mais aussi de présenter les acteurs et les conditions et de sa réalisation, j’ai accepté que ce texte soit publié sur le site de la FELCO, à la rubrique « Publicacions pedagogicas ». Claire Torreilles, 19-12-24.
NDLR : les notes explicatives signalées dans le corps de l’article sont en fin d’ouvrage.
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En introduisant le numéro 21-1990 de la revue Amiras, je rendais hommage à la riche collection des Cahiers pédagogiques de l’Institut d’Études Occitanes animés, de 1951 à 1973, par les pionniers de l’enseignement de l’occitan qui avaient constitué, en relation avec les « stages pédagogiques et culturels d’éducation populaire de l’IEO », le socle de l’enseignement de l’occitan que nous avions reçu. Nous avons été nombreux à vouloir bâtir sur ce socle des constructions plus ou moins inventives et plus ou moins durables dont, après quarante ans, nous avons tout lieu d’être fiers. En faire une présentation aujourd’hui, centrée sur l’évolution de la revue Lenga e país d’òc, n’est pourtant ni aisé ni plaisant, non que les étapes du chemin se soient effacées de notre mémoire, mais parce qu’il s’y attache, comme à toute rétrospective, le sentiment étrange de la vanité des espoirs et des efforts, même s’ils furent couronnés de succès à tel ou tel moment. Tant de pages ont été effacées des sites qui devaient les rendre accessibles à tout le monde, tant de livres accumulés dans les réserves sont partis au pilon ! Je pense souvent à ces mots de mon collègue de Toulouse, Gilbert Mercadier, qui considérait que nous consacrions une trop large part de nos activités professionnelles et militantes à des publications pédagogiques, qu’il s’agît d’assurer, année après année, la parution de la revue ou de nous attacher à la conception longue et parfois laborieuse de nouveaux manuels : « Vous faites de la tapisserie pendant que la maison s’écroule ! » Il avait en partie raison : la tapisserie n’a pas empêché les murs (fissurés) de tomber. Heureusement certains ont tenu et d’autres seront remontés.
Les débuts
Lenga e país d’òc commence à paraître en 1983, tout comme la revue Practicas, dans l’élan donné par la circulaire « Savary[1] » qui ouvre un certain nombre de perspectives, notamment pour l’enseignement bilingue et pour l’enseignement optionnel d’une heure à tous les niveaux dans les collèges. Les deux revues naissent dans des contextes différents : Practicas[2] est la revue pédagogique du mouvement des Obradors issu de la scission de l’IEO en 1981[3]. Elle est pilotée par Marie-Jeanne Verny et moi-même qui sommes entourées d’une équipe militante à forte coloration provençale tandis que Lenga e país, sous la direction de Philémon Pouget, prend officiellement sa place parmi les publications du CRDP de Montpellier et s’appuie sur le développement de l’enseignement de l’occitan dans les collèges où beaucoup de professeurs volontaires enseignent encore l’occitan à côté de leur discipline d’origine. Les deux revues, soutenues simultanément par Robert Lafont, président du CREO Languedoc, ne sont ni concurrentes ni cloisonnées. On retrouve, avec le temps, à peu de choses près, les mêmes noms dans les tables de l’une et de l’autre. L’une et l’autre affichent une volonté de recueillir les récits des enseignants et de réfléchir aux applications pédagogiques de la recherche universitaire en domaine occitan. Philémon Pouget fait état des « rapports plus que cordiaux entretenus avec les enseignants de l’université Paul Valéry qui interviennent dans la formation continue et assurent des cours par correspondance » (Amiras 1990, 98). Practicas entend œuvrer, malgré toutes les difficultés matérielles et institutionnelles, à l’entrée de l’occitan à l’école, non par passéisme mais par idéal d’une école ouverte et démocratique. Practicas connaîtra 9 numéros (doubles) d’environ 120 pages, en 5 ans de vie. Les rédactrices rejoignent l’équipe de Lenga e país qui, en 1990, inaugure, avec le numéro 19, une nouvelle série de revue à dos collé au format 24/17. Les articles sont distribués en trois rubriques : estudis, practicas et tèxtes. Cette structure interne souple et adaptable ne changera pas. Seule la maquette de couverture sera renouvelée aux numéros 25 et 40 par les graphistes du CRDP : Claude Goetz puis Christophe Herrera.
Lenga e país devient dès lors une revue de référence, certes ancrée en Languedoc, mais avec des abonnés et des correspondants dans tout l’espace occitan. Mais elle ne couvre pas également tous les niveaux d’enseignement. Ainsi, en 1991, à Mende, est créée parallèlement la revue Lo Senhal, gérée par l’ADOC (Association pour le développement de l’occitan) qui devient l’outil des enseignants du premier degré « en lien étroit avec le projet pédagogique de l’académie de Montpellier ». Leur sont proposées des fiches et des documents audio ou vidéo élaborés par les enseignants et les conseillers pédagogiques sur le thème du projet commun défini chaque année.
Si l’on parcourt la cinquantaine de numéros de Lenga e país produits en presque trente ans, on voit se dégager trois grandes lignes directrices : celle de la pédagogie de projet qui caractérise l’académie de Montpellier, celle de l’ouverture pluridisciplinaire et enfin celle de la réflexion didactique spécifique appliquée à la situation de langue régionale. Nous allons aborder chacune de ces lignes, en nous efforçant d’indiquer les prolongements éditoriaux qui leur correspondent.
Une pédagogie de projet
Un conseiller du ministère disait récemment aux responsables de la FELCO venus l’entretenir des problèmes structurels de notre enseignement : « Mais avez-vous envisagé, pour dynamiser votre pédagogie, de la fonder sur des projets ? » Il en reçut quelques kilos par la poste. Ces dossiers sont d’ailleurs en ligne sur ce site.
À Montpellier le système mis en place et perfectionné au fil des ans par Philémon Pouget, chargé de mission de 1983 à 1997, est le projet académique[5] annuel et unique, mais très tôt décliné en deux versions, pour les premier et second degrés. Cela permettait d’une part de concentrer les moyens de l’aide régionale et des aides départementales sur des actions communes et visibles, comme, par exemple, le rassemblement de 8000 écoliers dans les arènes de Nîmes en 2000 (ce fut un point d’orgue !), les journées lycée, diverses manifestations associant, en cours d’année et en liaison avec la progression de chacun, les écrivains et les artistes, chanteurs, musiciens, troupes de théâtre… L’aspect programmatique n’empêche nullement la liberté pédagogique, il l’encourage même en lui fournissant non seulement des supports stimulants mais des objectifs de pédagogie « actionnelle » avant l’heure. La revue ne donne qu’un reflet forcément livresque, – avec quelques tableaux d’ensemble (2004, 40 ; 2007, 46[6]) – de ces projets divers dont quelques thèmes se dégagent dans le choix bibliographique que nous donnons en annexe : l’espace, les communications, la Révolution, les fêtes, le monde rural, la romanité, la chanson, la crise viticole de 1907, le théâtre, La Provence de Mistral, le polar … Ce sont en général des « causidas », des choix de textes proposés en journées de formation.
On voit à présent, bien mieux qu’autrefois, à quel point la revue est l’héritière des Cahiers pédagogiques et de manuels comme De la langue au pays (Lafont, Lagarde 1951) de qui, à l’évidence, elle a reçu son nom. Marie-Jeanne Verny (2018) analyse la manière dont les auteurs de cet ouvrage entendent faire passer du texte littéraire (de Godolin à Max Rouquette) à une connaissance de la langue dans ses grandes variétés. Le support littéraire (didactisé et modernisé dans sa graphie) est justifié par Robert Lafont dans la préface de 1951 comme un document authentique incarné et proche des réalités d’un peuple et d’un pays : « On recherchera chez eux avant tout l’occitanité, occitanité inconsciente, naïve, populaire chez les plus anciens, occitanité voulue chez les contemporains. » Sur ce point, Lenga e país n’est pas non plus éloigné de son équivalent de l’autre côté du Rhône : Lou prouvençau a l’escolo qui fait fond sur la richesse littéraire de la langue d’oc.
Non seulement le texte apprend à lire la langue, quand la transmission familiale existe encore, mais il l’élève en dignité comme le montre Philippe Martel:
« L’enjeu est donc moins de l’enseigner en elle-même que d’ouvrir les enfants à la connaissance du patrimoine littéraire de la langue, seule façon de lutter contre l’image péjorative du ‘patois qui ne s’écrit pas et n’a pas de grammaire’, largement diffusée dans la société. » (Martel 2009)
Il ne faut pas sous-estimer non plus la fonction de formation que jouait et que joue encore, auprès des enseignants eux-mêmes, même après la mise en place de cursus universitaires, le texte d’auteur accompagné d’un paratexte critique de qualité et de suggestions d’activités pédagogiques adaptées. Il s’agit, dans tous les cas, d’élargir l’horizon culturel de référence des occitanistes, d’élever la « conscience occitane ».
Des éditions de grands textes accompagnent cette intention de formation. Ce sont les petits classiques, « pichons classics occitans » du Centre d’Estudis Occitans, sous la direction de Paul Fabre, au début des années 1970. Pour beaucoup, ils représentent non seulement l’accès à la littérature occitane mais, aujourd’hui encore, une référence sûre.
Ce sont, dans les années 1980, les utiles publications du CRDP de Montpellier qui avait alors – temps heureux ! – son imprimerie au sous-sol. En 1984, dans Teatre d’òc al sègle XX, Philippe Gardy met à la disposition des enseignants un corpus choisi de neuf pièces de Dezeuze, Rouquette et Lafont. En 1986, sur commande de Philémon Pouget, le comédien Claude Alranq choisit 12 textes des troubadours à Roland Pécout et un film est tourné en décors naturels où on le voit interpréter les textes. Ce sera l’ensemble Rebat d’esper e de desesper, où la cassette vidéo sera accompagné d’un dossier pédagogique présentant chacun de ces textes. Premier document audiovisuel, encore utilisé en 2014 par l’Université Paul-Valéry pour le document en ligne 1000 ans de Littérature d’oc où a été intégrée la belle interprétation du poème de Camproux « Li Penjats » : http://uoh.univ-montp3.fr/1000ans/?page_id=29
En 1990, c’est Gérard Gouiran qui propose une anthologie de trente textes de troubadours : Lo ferm voler. En 1988, les éditions critiques de l’Histoira dé Jean l’an prés de l’abbé Fabre, puis, en 1993, du Verd Paradís de Max Rouquette (rééd. 2008) rendent disponibles ces textes fondamentaux. La création est encouragée dans le même temps.
En 1986 a été édité un « roman pour la jeunesse » commandé à Roland Pécout : L’envòl de la Tartana. La même année, Max Rouquette (1986), toujours très attentif à l’enseignement de l’occitan, rassemblait des écrits d’écoliers de Lozère sur le thème de l’eau et leur donnait en retour : Goteta o los camins de la vida publié au CDDP de Mende. Réédité en 2005 par le CRDP, ce petit livre me paraissait emblématique d’un moment de grâce dans le passage de la langue par la poésie. J’écrivais dans la préface :
Çò que balhèt Max Roqueta als escolans de Losèra es pas solament un pauc de son temps e de son mestièr d’escrivan, es una paraula inspirada per la curiositat dels joves, es la « musica de sòmi » qu’escotava drollet dins los contes de Prien l’encantaire.
[Ce que Max Rouquette a donné aux écoliers de la Lozère ce n’est pas seulement un peu de son temps et de son métier d’écrivain, c’est une parole inspirée par la curiosité des jeunes, c’est « la musique de songe » qu’il écoutait, tout petit, dans les contes de l’enchanteur Prien.] (Goteta 2005, 9)
À partir de cette réédition, le CRDP de Montpellier ouvrit une collection de littérature de jeunesse intitulée : « Camins de la vida » où ont écrit notamment Jean-Claude Forêt (2006), Florian Vernet (2007, 2011), Jòrgi Gros (2009). Un apparat didactique accompagnait chaque volume, non seulement un CD où le texte était lu à plusieurs voix pour faire travailler la compréhension de l’oral, mais un dossier didactique volumineux mis en ligne (aujourd’hui ils sont effacés, hélas, des sites plusieurs fois remaniés).
Cette parenthèse, en marge de la revue Lenga e país proprement dite, avait pour origine la défense et illustration du texte littéraire dans le projet pédagogique. Variations sur les fables de La Fontaine, vers inscrits sur des monuments aux morts, bestiaires avec des inédits de Max Rouquette, chansons et récits à l’appui de documents ethnologiques sur « lo temps de la seda », [le temps de la soie], souffle de Lorca traversant la poésie occitane, les thèmes et les registres sont infinis. Ni dentelle ni tapisserie, nous semblait-il, mais le pays même de la langue enseignée.
La pluridisciplinarité
La continuité avec les Cahiers pédagogiques est tout aussi évidente sur le chapitre de la pluridisciplinarité. Pour les enseignants de l’occitan qui s’inscrivaient dans le sillage de Perbosc et des mouvements de culture populaire, l’occitan n’était pas une discipline, mais un mode d’expression. Dans les Cahiers pédagogiques des années 1960, Aimé Serre, Guy Martin et même Henri Espieux s’interrogent sur les conditions et les contenus des passages à faire entre l’histoire, la géographie, l’instruction civique et l’occitan. L’interrogation est aussi linguistique. Il faut que la langue accède à tous les champs du savoir. Charles Camproux appelle de ses vœux une normalisation de la langue pour le développement de l’enseignement « en usant de tous les moyens, non seulement de ceux qu’apporte la connaissance des parlers les plus localisés, mais aussi de ceux que la langue ancienne […] met richement à notre portée. » (Cahiers 23, 1963 : « Occitanisme 1963 »).
Cette question va devenir, dans toutes les langues et jusqu’à aujourd’hui, la préoccupation essentielle des éditeurs de manuels pour l’enseignement bilingue. Mais Montpellier ne s’engage pas éditorialement dans cette voie nécessaire mais coûteuse, où le CRDP de Toulouse s’investira.
Dans Lenga e país d’òc, les questions de lexique sont abordées avec autant de rigueur que de vigueur par la lexicographe Josiane Ubaud qui incite les enseignants à s’interroger sur leurs outils (1996, 30) et leurs pratiques de langue (1998, 33). Il s’agit alors à la fois de présenter la nécessité de la norme et d’introduire une salutaire insécurité linguistique chez ses usagers. Son « pensabèstia ortografic » de 8 pages (2009, 49) est à cet égard l’indispensable vademecum de tout scripteur de l’occitan, à quelque niveau que ce soit, comme le sera plus tard son Diccionari ortografic e morfologic de l’occitan (Ubaud 2011, rééd. 2023). Le passage par l’université et l’exigence des concours répondront basiquement à l’objectif d’acquisition de la norme, dont le difficile règlement scientifique est toujours en cours, comme l’on sait.
On voit évoluer dans la revue la question de la pluridisciplinarité vers l’enseignement de la langue élargi à la « civilisation » occitane, à la connaissance du milieu par des articles sur la toponymie, la botanique, l’ethnologie, l’histoire… Les chercheurs en différents domaines donnent à la revue la primeur de leurs travaux, sur la végétation méditerranéenne (Ubaud 1993, 25), sur les représentations du Midi dans le cinéma ou chez Pagnol (Bretèque 1991, 23 ; 1991, 21), sur l’histoire de l’enseignement de l’occitan (Martel 1987, 9/10 ; 1991, 23 ; 2004, 41 ; 2009, 48) Lespoux 2004, 42), sur l’enseignement de « l’histoire régionale » (Martel 2009, 48) et en particulier sur la crise de 1907 (Sagnes 2007, 46). En littérature, Philippe Gardy, collaborateur de longue date, a apporté à la revue bien des ouvertures sur des travaux dont nous lirions ensuite les développements dans son œuvre critique, que ce soit la relation de l’ethnologie à l’expression littéraire, à propos du carnaval (1987, 11/12), de la « caponada » (1991, 22) ou ce texte fondamental sur Max Rouquette « pescaire de paraulas » [pêcheur de paroles] (1990, 19) auquel il reviendrait plusieurs fois. Il signe beaucoup d’autres articles, une réflexion sur le « poème long » (2001, 38), une étude sur Robert Lafont critique aux Cahiers du Sud (2001, 50-51) ou encore, en relation avec le programme du Capes, un chemin de lecture du Pouèmo dóu Rose (1999, 34) et, plus tard, une utile « Bibliographie mistralienne » (2009, 48). On ne saurait tout dire.
De son côté, l’équipe du CRDP de Toulouse a produit pour sa part les outils indispensables au public scolaire et étudiant. En 1996, le dictionnaire à double entrée d’André Lagarde, La Palanqueta ou « Passerelle » entre deux langues, a connu un succès que prouveront les nombreuses rééditions dont il a fait l’objet.
Montpellier et Toulouse, plus ou moins en concertation, mais surtout en fonction des goûts et des talents développés ici et là, se sont, pendant un temps, partagé l’espace éditorial de façon complémentaire. Toulouse a misé à la fois sur le bilinguisme et sur la transmission de la culture occitane, dès 1993, avec le Mém’oc, ensemble de fiches sur la langue, son histoire, sa littérature, sa musique, ses chansons, sa cuisine… L’ouvrage s’adresse plutôt aux lycéens, mais a beaucoup circulé parmi les étudiants. Il sera augmenté et enrichi, notamment grâce aux ressources de la vidéo, pour donner le jour, en 2004, à Chercheurs d’oc, vaste projet qui mobilise des compétences dans plusieurs domaines et qui entend toucher un public plus large, pour familiariser tous les élèves avec un patrimoine que les textes ministériels (2001-166) ont recommandé d’intégrer dans « l’héritage national ».
Questions de didactique
Nous avions à notre disposition, en lycée, au début des années 1980 et pour une vingtaine d’années, un certain nombre de manuels de qualité, édités et réédités, notamment, ceux d’Yves Rouquette (1973 ; 1977) et de Miquèla Stenta (1979). Notre premier travail fut d’en faire l’étude critique (Practicas 2-3 1983) laquelle a été reprise par Marie-Jeanne Verny (Lengas 23, 2018) dans une étude plus large sur les manuels. Dans les années qui suivent deux directions de renouvellement se dessinent.
La première concerne surtout le premier degré autour des travaux du linguiste catalan Josep-Maria Artigal dont André Clément fait un premier exposé dans Lenga e país (1991, 21). L’équipe des conseillers pédagogiques académiques va se saisir méthodiquement des préconisations d’Artigal, particulièrement adaptées à l’enseignement d’une langue minorisée et elle va d’année en année l’enrichir d’expériences. Des échanges théoriques de haut niveau ont lieu dans le cadre des colloques de l’ADOC à Mende (6 entre 1993 et 2018) où interviennent à plusieurs reprises Jean Duverger, Jean Petit, Gilbert Dalgalian, Laurent Gajo et d’autres linguistes dont les recherches sur les apprentissages précoces des langues menés ailleurs dans le monde inspirent et encouragent la pédagogie des langues régionales en France, de l’initiation au bilinguisme.
La seconde voie d’innovation se situe à la croisée de deux recherches linguistiques, l’une sur l’enseignement des langues vivantes et l’autre sur la diglossie franco-occitane, recherches portées par deux revues dont nous sommes de fidèles lecteurs et parfois contributeurs, la revue centenaire de l’APLV[7] Les langues modernes et la revue Lengas de l’Université Paul Valéry créée en 1974. Le meilleur passeur de cette double influence fut Florian Vernet, professeur agrégé d’espagnol, écrivain occitan et linguiste, devenu professeur des universités à Paul Valéry.
Son premier long article dans Lenga e País d’òc avait pour titre « Pédagogie du texte littéraire » (1995, 27). Il correspondait à un type d’épreuve facultative orale au baccalauréat qui demandait à l’élève de fournir une liste de textes à partir desquels l’examinateur devait mesurer essentiellement ses compétences de compréhension écrite et d’expression orale. Textes plus ou moins littéraires, selon les circonstances. Parfois trop, parfois abordés dans la seule visée de l’explication de texte. Cet article, nourri de l’expérience d’un professeur de langue en lycée et abondamment illustré d’exemples, fut une aide considérable à la formation continue. Il nous apprit à varier les types d’approche d’un texte littéraire : reformulation, transcodage, expansion, reconstruction… et surtout à les subordonner à la réflexion sur l’acquisition linguistique et la pratique de l’oral. À la relecture de cet article, aujourd’hui, presque trente ans après, je mesure à quel point notre enseignement faisait encore fond sur les capacités natives des élèves en langue régionale, lesquelles ont pratiquement disparu, remplacées peut-être par d’autres compétences. Nous y reviendrons.
Un autre article essentiel de Florian Vernet : « Systématisation et pragmatisme dans l’enseignement de l’occitan » (Lenga e país 1999, 34), partant d’un constat d’« empirisme dominant », en raison de l’absence de programme pour les langues régionales, malgré la création récente d’un CAPES. Florian Vernet avait lu, avant nous tous, Christian Puren (1988) et Claude Germain (1993) sur l’histoire des méthodologies de l’enseignement des langues, Daniel Gaonac’h (1990) sur l’approche cognitive, Henri Besse (1985) sur les manuels de langue. Il invitait les enseignants d’occitan, qui pour la plupart pratiquaient un éclectisme intuitif, à prendre conscience à la fois de cette réflexion générale et de leur situation particulière, plus proche en définitive de l’enseignement du Français Langue Étrangère que de tout autre enseignement de langue. Il leur conseillait notamment la lecture du « très remarquable numéro spécial (360) des Cahiers pédagogiques : ʺLe FLE une langue vivanteʺ de janvier 1998. » Cet article et plusieurs autres sur l’interaction, la progression, le lexique, complétés par la solide mise au point théorique d’Alain Jambin dans Lenga e País (2000, 37) correspondent au tournant des années 2000 qui allait, assez rapidement (2006), intégrer les langues régionales dans le programme de rénovation de l’enseignement des langues vivantes.
Nous avions mesuré à l’occasion du stage interacadémique de Bordeaux (1999) l’attente des enseignants, du moins pour le second degré, en matière de formation et d’accès à des outils nouveaux. C’est là que prit naissance l’idée d’un manuel à visée panoccitane dont le CRDP d’Aquitaine serait maître d’œuvre, avec une équipe de 8 professeurs sous la direction de Jean Salles-Loustau, Inspecteur général, et avec Claude Ribéra-Pervillé comme responsable de la coordination éditoriale parce qu’elle était la personne ressource, ayant piloté techniquement la fabrication du manuel de portugais Espaços (1998). Ce fut une longue expérience de travail collectif, plus formatrice qu’aucun autre projet envisagé auparavant, mais bénéficiant, il faut le souligner, des publications antérieures que le CRDP de Montpellier avait assurées à un rythme soutenu de 1999 à 2001 (Quasèrns de 6ena, de 5ena, Practicar la lenga 1, 2 e 3, Tèxtes occitans…)
Le plus difficile était la conception d’un manuel unique. Il eut pour titre : Òc-Ben ! Auparavant Espaços donnait l’exemple d’un parcours d’initiation faisant la part belle, sur des espaces très différents, à l’expression littéraire ainsi qu’à la variation linguistique et culturelle. Le défi fut en effet de ne pas céder à la facilité de concevoir un manuel qui serait décliné en provençal, gascon, limousin et languedocien, ni d’ignorer ces variantes constitutives de notre langue, mais de les intégrer dans la progression des leçons des volumes d’Oc-Ben ! (I, 2003) et (II 2004). Défi relevé, avec l’aide financière des Régions, et assez bien reçu dans l’ensemble. Une analyse chiffrée de la réception reste à faire. Le livre du professeur, encore disponible sur le site du CAP’OC[8], permet de prendre une connaissance détaillée de nos objectifs et de nos choix.
Dans les dix premières années du nouveau siècle, l’embellie de l’enseignement de l’occitan est manifeste : importantes cohortes de nouveaux certifiés et professeurs des écoles titulaires des deux concours spéciaux, public et privé, organisation de cursus complets dans les grandes universités de l’espace.
Quand, à la faveur des textes de 2001[9], les volontés académiques et les politiques régionales s’accordent pour soutenir un nouvel essor de l’enseignement, les CRDP développent l’édition de littérature de jeunesse en langue régionale. À Montpellier, la collaboration avec les éditions Grandir pour la publication d’albums, puis des premiers kamishibais, de grande qualité poétique et graphique, connaît une telle réussite que le CRDP, sous la direction de Marie-Christine Audouy, doit étendre le dispositif à plusieurs langues vivantes. Des collections sont créées (voir la bibliographie) pour donner à lire à toutes les classes d’âge des textes d’auteur, pour la plupart inédits, accompagnés d’un appareil didactique à toute épreuve (sauf à celle du temps pour les documents imprudemment mis en ligne, voir infra).
La lecture des sommaires de la vingtaine de numéros de Lenga e País d’òc fait apparaître en filigrane les préoccupations de la période : former aux épreuves didactiques des concours (Stenta 1999, 34 ; Sarpoulet, 2004, 41 ; Martel 2001, 39 ; Verny 2001, 39), considérer tous les supports et tous les genres : le conte, l’album, le texte intégral, le document iconographique (Arbousset 2005, 42), en croisant analyses de pratiques et lectures plus théoriques. Plusieurs articles traitent des ateliers d’écriture en cours de langue (Villeneuve 2003, 40 ; Bouyer 2007, 47) et de beaux textes d’élèves sont publiés (Decomps 2003, 40 ; 2004, 41 ; Torreilles 2015, 377-388).
À Montpellier, le recteur Christian Nique engage un plan de développement des deux langues régionales, l’occitan et le catalan, en organisant, à partir de 2006, les premiers concours de poésie, puis en dirigeant la rédaction de deux ouvrages destinés au public académique et distribués dans les établissements pour faire connaître les langues de la région et leur vie littéraire (Nique 2006).
Les derniers feux
Encouragés par la réussite du séminaire académique du 7 mars 2007 : « L’occitan et le catalan dans le Cadre européen commun de référence pour les langues » publié dans Lenga e país 47 de décembre 2007, nous ouvrons à Montpellier le chantier d’un manuel pour le collège (palier 1, niveau A2). Ce sera Tu tanben en 2012, longuement mûri, évalué et réalisé en fonction des programmes des collèges qui invitaient à « élargir les perspectives à tout l’espace de la langue, en ayant pour but la reconquête d’usages linguistiques, le renouvellement des représentations et des références. »
Parallèlement, un projet ambitieux mobilise de nombreux talents dans le cadre d’une collection nationale du CNDP, à savoir le DVD : Max Rouquette, retrouver le chant profond (2008) qui rassemble de nombreuses lectures de l’œuvre rouquettienne autour de trois films sur lui[10] que l’on remettait enfin à la disposition du public.
Lenga e país suit son cours, plus ou moins perturbé toutefois par une onéreuse décision de mise en ligne qui ne concernera que les derniers numéros parus dont il existe heureusement aussi une version papier[11].
Toute la réflexion didactique de ses collaborateurs étant investie dans le manuel de collège, la revue s’infléchit pour un temps, sans savoir que ce sera le dernier, dans une posture de revue littéraire. Marie-Jeanne Verny et moi concevons, en complicité ancienne, un numéro d’hommage à celui qui fut le fondateur de la revue et notre maître, Robert Lafont, décédé le 24 juin 2009. Ce fut le recueil d’articles : « Per Robèrt Lafont », 2011. Cet acte d’hommage inspire pareillement à Miquèla Stenta, l’année suivante, un numéro double à la mémoire de Marcelle Delpastre : « Una cosmogonia del vivent », 2012. Nous finissions en beauté.
Car c’était la fin. Personne ne l’avait vu venir, ni, au CRDP, les services de l’édition, de l’audiovisuel ou de la vente qui considéraient le secteur de l’occitan comme un des plus rentables et des plus innovants, ni, à la Région, les élus et gestionnaires en charge des langues régionales qui, depuis plusieurs années, abondaient avec confiance le budget de l’édition pédagogique, ni nous, rédacteurs bénévoles, concepteurs et meneurs de projets en tous genres. Encore aujourd’hui, nous ne comprenons pas. Sauf à penser que nous avions bâti sur du sable, par notre faute. Au lieu de mettre en place une structure sur le modèle de TES[12] en Bretagne et du CAP’OC à Pau, nous avons compté pendant des années sur les liens de confiance qui assuraient la coordination entre Rectorat, CRDP et Région, telle qu’elle avait été définie par la circulaire Savary et réaffirmée dans les textes suivants. Cette collaboration avait néanmoins été formalisée par la création d’un « Pôle occitan » au sein du CRDP défini par la convention entre Région et CRDP du 15 octobre 2008[13]. Nous avions seulement oublié à quel point les langues régionales peuvent susciter des passions et qu’il suffit d’un changement de personne à un des sommets du triangle pour que tout bascule. Le sabordage fut fait par le biais d’une déclaration intempestive d’« illégalité » de la convention par une nouvelle direction du CRDP et le stupéfiant refus de recevoir désormais la subvention que la Région lui attribuait annuellement pour l’édition pédagogique en occitan depuis plus de trente ans.
C’est ainsi que l’édition en occitan dans l’académie de Montpellier fut brutalement et unilatéralement arrêtée en 2012. Victime de son succès ?
Par la suite, un à un, les titres, mis au pilon seront retirés de la vente, et les documents en ligne (tous les dossiers d’accompagnement pédagogique des volumes édités, la revue Lenga e País elle-même…) s’effaceront du site du CRDP. Destruction programmée.
Avec le temps, nous nous apercevons qu’il en est de même, quoique de façon plus progressive, concernant l’évolution de la structure éditoriale tout entière qui a pourtant fait la preuve de son utilité publique, trop publique peut-être, auprès de générations d’enseignants de toutes disciplines. Que, même à titre d’hypothèse, ceci explique cela ne nous console pas.
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages et publications sur l’enseignement de l’occitan
- Amiras / Repères, revue des Obradors occitans, Aix-en-Provence, Edisud. n° 21, 1990.
- Martel, Philippe, 2007, L’école française et l’occitan – Le sourd et le bègue, Montpellier, PULM.
- Martel Philippe, 2009, « Une pédagogie pour le provençal : Lou Prouvençau a l’escolo » Lengas, 65 : Dossier « L’occitan, le catalan et l’école ». En ligne.
- Nique, Christian, (dir.), 2006, Recteur de l’académie de Montpellier, (co-redaction avec Marie Sanchiz) : Précis d’occitan et de catalan, CRDP Montpellier. 200p.
- Nique, Christian (dir.), 2006, Recteur de l’académie de Montpellier, (co-redaction avec Mary Sanchiz) Petite anthologie des littératures occitane et catalane, CRDP Montpellier. 149 p.
- Torreilles Claire, 1990, « Enseigner l’occitan. Le tableau est-il si noir ? » Revue Amiras, n° 21. Éditorial, p. 6-18.
- Torreilles, Claire, 2002, « Enseigner une langue régionale, textes et contextes. Le cas de l’occitan » in Enseigner la région, L’Harmattan, sous la direction de Pierre Boutan, Philippe Martel, Georges Roques, Paris, p. 131-138.
- Torreilles, Claire, 2004, « Un projet pour enseigner l’occitan », Les cahiers pédagogiques, avril 2004, n°423, « 75 langues en France, et à l’école ? », p. 40-41
- Torreilles, Claire, Verny, Marie-Jeanne (dir.) 2010, « Enseigner une langue régionale », numéro 4-2010 de la revue de l’APLV : Les Langues Modernes, 4-2010. oct. nov. déc. 2010. 104e année.
- Torreilles, Claire, 2015, « Ateliers d’écriture en cours d’occitan » in GAUZIT, Éliane (dir.) Lodève ville occitane, Toulouse, Presses universitaires du Midi, p. 377-388.
- Torreilles, Claire, 2018, « L’édition de manuels sclolaires en langues régionales », Lengas [en ligne] 83.
- Verny, Marie-Jeanne, 2018 « La littérature occitane dans les manuels scolaires », , in Lengas 83, « Manuels scolaires et langues régionales / Manuals escolars e lengas regionalas », Y. Lespoux et MJ Verny, dir., Université Paul-Valéry, PULM, https://journals.openedition.org/lengas/1416
- Verny, Marie-Jeanne, 2024, « Pratiques interdisciplinaires en matière d’enseignement de l’occitan », in Transmettre les langues : pourquoi et comment ? actes du colloque des 2 et 3 octobre 2020 Corti, Università di Corsica, Louvain-la-Neuve, EME éditions, T. 1 « les défis pédagogiques », p. 41-65.
- Verny, Marie-Jeanne, 2018, « Les manuels d’occitan : quelles images de la langue ? », in Identités, conflits, interventions sociolinguistiques, Carmen Alén-Garabato, Henri Boyer, Amandine Denimal, Ksenija Djordjevic Léonard & Bénédicte Pivot, dir., Limoges, Lambert-Lucas, p. 409-421.
- Verny, Marie-Jeanne, 2020, « La préhistoire de l’enseignement de l’occitan à travers quelques manuels et traités pédagogiques » Lengas, 88 : https://journals.openedition.org/lengas/4879b
Manuels
- Guilhemjoan, Patric (dir.) 2002 Série de CD audio + livret pédagogique. CRDP Aquitaine,
- Piu-Piu (cycle 1)
- A pèchanquet (cycle 2)
- Hardits (cycle 3)
- Guilhemjoan, Patric, 2007 A hum de calhau, Le gascon en 25 leçons, t. I, (livre +DVD), Per Noste, Guilhemjoan, Patric, 2008A hum de calhau, Le gascon en 25 leçons, t. II (livre +DVD), Per Noste.
- Lafont Andrée-Paule et Lagarde Pierre, 1951, De la langue au pays, Toulouse, Privat.
- Parvaux Solange (dir.) 1998, Espaços, initiation au portugais, LV2-LV3, CRDP Aquitaine
- Roqueta, Ives et Granier Sèrgi, 1973, En occitan dans le texte, CEO, 173 p. rééd. 1977.
- Salles-Loustau, Jean (dir.), 2004, Òc-Ben ! Deuxième année d’occitan, ouvrage collectif, CRDP Aquitaine, Bordeaux.
- Salles-Loustau, Jean, Torreilles Claire, Villeneuve Marie-José, 2012, Tu tanben ! Manuel d’occitan, collège palier I. (+2 CD-audio)
- – Tu tanben ! Quasèrn d’exercicis 1, Montpellier (1 CD-audio)
- – Tu tanben ! Quasèrn d’exercicis 2, Montpellier (1 CD-audio
- Stenta, Miquèla, 1979, Ieu coneissi un país, IEO Aurillac.
- Stenta, Miquèla (dir.)1998, Practicar la lenga 1, CRDP Montpellier.
- Stenta, Miquèla (dir.)1998, Practicar la lenga 2, CRDP Montpellier.
- Stenta, Miquèla (dir.) 2001, Practicar la lenga 3, CRDP Montpellier.
- Torreilles, Claire (dir.) 1999, Quasèrn per la seisena, CRDP Montpellier.
- Torreilles, Claire (dir.) 2001, Quasèrn per la cinquena, CRDP Montpellier.
- Torreilles, Claire (dir.) 2005, Enseigner l’occitan au cycle 3, Scéren / CRDP Montpellier.
- Verny, Marie-Jeanne (dir.) 1997, Tèxtes occitans, CRDP Montpellier. 9
Littérature occitane
- Fabre, Jean-Baptiste, 1988, Histoira dé Jean l’an prés. CRDP Mtp.
- Gouiran, Gérard, 1990, Lo ferm voler Les troubadours et l’Europe de la poésie. CRDP Mtp.
- Rouquette, Max, 1993, Verd Paradís, CRDP de Montpellier. rééd. 2008.
- Pouget, Philémon (dir.) 1984, Teatre d’òc al sègle XX. CRDP Mtp.
- Pouget, Philémon (dir.) 1995, Max Rouquette Anthologie, CRDP Mtp. 215 p.
- Pouget, Philémon (dir). 1986, Rebat d’espèr e de desespèr. Cassette vidéo et dossiers pédagogiques sur 12 auteurs, CRDP Mtp.
- Pouget, Philémon, 1988, dossier critique de l’Histoira dé Jean l’an prés, CRDP Mtp
- Rouquette, Jean-Guilhem ; Souche, Georges ; Torreilles, Claire ; Verny, Marie-Jeanne ; 2008, Max Rouquette, retrouver le chant profond. DVD + livret. Montpellier, Scéren-CRDP
Littérature de jeunesse – Trois collections du CRDP Montpellier :
1- Coll. « Los camins de la vida » (avec CD audio)
- Rouquette, Max, 2005, Goteta o los camins de la vida, (rééd. l’édition de 1986 illustrations d’Armand Sébelin CDDP de Lozère) préface de Claire Torreilles, traduction française de l’auteur. illustrations de Maevi Colomina.
- Forêt, Jean-Claude, 2006, Tres pòbles de la lòna, etnografias imaginàrias, texte, préface et traduction, dessins de Jürgen Schilling, musique d’Hervé Rémond.
- Vernet, Florian, 2007, La princessa Valentina e autres contes, préface de Philippe Martel, traduction Claire Torreilles, illustrations de Maevi Colomina.
- Les aventures du chevalier Jaufré, 2009, édition trilingue, occitan, catalan, français, Choix de textes et traduction Serge Carles et Claire Torreilles, Magali Prat pour le catalan, postface de Gilda Russo, illustrations de Pierre Bährel.
- Gros, Georges, 2009, Contes de la garriga nauta, préface de Florian Vernet, traduction de Marie-Jeanne Verny, photographies de Georges Souche.
- Robert Lafont, Imatges e votz, édition bilingue. 2010, Préface de Jean-Claude Forêt, choix de textes et traduction Claire Torreilles, aquarelles originales de Robert Lafont.
- Vernet, Florian, 2011, Lo grand secrèt de las bèstias e autres contes, préface et traduction de Claire Torreilles, illustrations de Maevi Colomina.
- Gibaudan, Luc, 2013, Tèrra de rescontres, texte français, Marie-José Villeneuve, traduction en occitan, illustrations Luc Gibaudan.
- Stenta, Miquèla, 2011, Larguesa. Un art du don dans l’Occitanie médiévale, Préface de Pierre Bec.
2- Coll. : « Florilègi occitan »
(livres disques sur des thèmes du Printemps des poètes. Édition bilingue. Maquettes de Dominique Poupeau et Christophe Herrera.)
- 2006, Bestiari, préface Claire Torreilles, Marie-Jeanne Verny.
- 2007, Cant de las vilas, préface Jean-Claude Forêt, Marie-Jeanne Verny.
- 2012, Color femna, préface Jean-Claude Forêt, Claire Torreilles, Marie-Jeanne Verny.
- 2012, Enfanças, préface Claire Torreilles.
3 – Coll. « Albums de jeunesse ».
En collaboration avec les éditions Grandir. Traduction / adaptation en occitan de Gilles Arbousset et Claire Torreilles + dossiers didactiques en ligne.
- 2006, Coquin de Sartre !
- 2006, Dins mon immòble…
- 2006, Una familha d’artistas
- 2006, La jornada de dòna Galina
- 2006, Lilí nòta…
- 2006, Milà
- 2006, Membaye e la mar
- 2006, La passejada dels papieròts
- 2007, La messòrga mai gròssa
- 2008, Tèo e lo manjaire de letras.
- 2009, La sèlva blanca
- 2009, La vièlha mai fina que lo rainal.
- 2009, La pigassa d’aur
- 2011, La grana e l’aucèl
- 2012, Vèni mamà !
Didactique des langues vivantes
- Puren, Christian, 1988, Histoire des méthodologies de l’enseignement des langues, Paris, Nathan, CLE international,
- Germain, Claude, 1993, Évolution de l’enseignement des langues, CLE International.
- Gaonac’h, Daniel, 1990, Acquisition et utilisation d’une langue étrangère, approche cognitive, Hachette éducation.
- Besse, Henri, 1985, Méthodes et pratiques des manuels de langue, Paris, Didier.
- Weiss, François, 1983, Jeux et activités communicatives en classe de langue, Paris, Hachette.
Outils didactiques en occitan
- Alisadas, 2004, coll. « Des contes pour les langues » (livre + CD audio)
- Cançonièr occitan 1, 2003, (libre + CD).
- Chercheurs d’oc, 2004, livre + DVD, Scéren CRDP Midi-Pyrénées. avec un livre d’accompagnement qui suggère des activités.
- Lo frairòt d’Ugueta, 2000, film video, Jacques Mitsch, sus une nouvelle de Jean-Pierre Chabrol. CRDP Midi-Pyrénées.
- Lo Senhal, revue numérique, Mende ADOC 48.
- Mem’oc, abrégé de culture occitane, CRDP Midi-Pyrénées, 1993.
- Audouy Marie-Christine (dir.) 2008, Per dire, cantar e jogar avec Claire Torreilles, Chantal Canal, André Clément, Marc-André Jullian, Yves Séguier, CD + livret et dossiers pédagogique en ligne.
- Cantalausa, 1975, Joan Bodon, causida per las escòlas, CRDP Toulouse.
- Floutard, Alain, 2004, 50 activités en occitan au cycle 2. (avec 2 CD audio)
- Lagarde, André, 1996, La Palanqueta, Dictionnaire oc-frs / frs-oc, CRDP Midi-Pyrénées.
Choix d’articles dans Lenga e pais d’oc
Une pédagogie de projet
Revue Practicas
- 1987, n°9/10 et 11/12 : « Barròc », J. Gibelin, G. Teulières, C. Torreilles.
- 1988, n°13/14 : « Lo tèma de la preson dins la literatura occitana », G. Gouiran. C. Torreilles, p. 17-43.
- 1989, n°15/16 : « Biais d’escriure e biais de manjar », J. Gibelin, G. Gouiran, C. Torreilles, p. 11-57.
Revue Lenga e País d’òc
- 1991, n°20 : « L’inspiracion antica. Causida », C. Torreilles, p. 61-81.
- 1991, n°21 : « La fête en Languedoc au début du XIXe siècle. Causida. », C. Torreilles, p. 59-73.
- 1991, n°21 : « Le jeu dans la littérature occitane », M-J. Verny, p. 75-91.
- 1991, n°23 : « Rotas e camins. Causida », M-J Verny, p. 46-68.
- 1993, n°25 : « Los quatre elements. Causida », C. Torreilles, p. 37-67.
- 1993, n°24 : « L’òme e la natura. Causida », M-J. Verny, p. 47-61.
- 1994, n°26 : « Bèstias e bestiaris » amb de poèmas inedits de Max Roqueta, C. Torreilles, p. 35-58.
- 1998, n°32 : « Mudasons del mond rural. Causida », C. Torreilles, p 39-56.
- 1998, n°33 : « La familha. Causida », M-J. Verny, p. 69-87.
- 1999, n°34 : « Rire e umor. Causida », M-J. Verny, p. 55- 97.
- 2000, n°37 : « Variations sur Le loup et l’agneau » C. Torreilles, p. 73-85.
- 2003, n°40 : « Polars en òc », C. Torreilles, p. 43-76.
- 2006, n°44 : « Los monuments dels mòrts », C. Torreilles, p. 75-87.
- 2006, n°45 : « Istòrias de seda », G. Arbousset, C.Torreilles, p. 12-29.
- 2006, n°45 : « Escafar pas jamai. Antologia poetica », C. Torreilles, M-J. Verny, p. 48-71.
- 2007, n°46 : « La vinha e lo vin dins l’òbra d’Emili Barthe », C. Torreilles, p. 25-33.
- 2007, n°46 : « Le vin des poètes » C. Torreilles, p. 63-70.
- 2004, n°41 : « La Provence de Mistral », C. Auglans, M. Cellier, C. Torreilles,-p. 64-92.
- 2010, n°49 : « País d’òc e Espanha. Causida », M-J. Verny, p. 57-96.
La pluridisciplinarité
Revue Practicas
- 1987, n° 9/10 : « Travail, famille, patois : Vichy et l’enseignement de l’occitan », P. Martel, p. 53-63.
- 1987, n° 11-12 : « Del carnaval coma eveniment al carnaval coma luòc mitic de l’escritura occitana », P. Gardy, p. 33-56.
- 1989, n°15/16 : « La barca de pesca a Taur », J. Milhaud, p. 67-86.
Revue Lenga e País d’òc
- 1990, n°19 : « Entre lei Sòmis e lo Verd Paradís, Max Roqueta pescaire de paraulas », P. Gardy, p. 27-31.
- 1991, n°21 : « Angèle de Pagnol. Un inventaire des représentations », F. A. de la Bretèque, p. 3-9.
- 1991, n°22 : « Un ethnologème, la Caponada », P. Gardy, p. 3-19.
- 1991, n°23 : « Les pédagogues et les patois sous la IIIe République » P. Martel, p. 11-22.
- 1991, n°23 : « Le forum villageois dans le cinéma méditerranéen », F. A. de la Bretèque, p. 3-10.
- 1993, n°25 : « La vegetacion mediterranea », J. Ubaud, p. 3-24.
- 1995, n°27 : « Le goût pour la pédagogie et la didactique de M. Pagnol », F. A. de la Bretèque, p. 41-47.
- 1996, n°30 : « Agach sus la lexicografia occitana », J. Ubaud, p. 23-30.
- 1998, n°33 : « Problèmas de nòrmas ortograficas e lexicalas », J. Ubaud, p. 3-28.
- 1999, n°34 : « Legir Lou pouèmo dóu Rose » P. Gardy, p. 3-11.
- 2001, n°38 : « Lo gost per lo ‘poèma long’» P. Gardy, p. 3-14.
- 2004, n°41 : « Los primadièrs de l’ensenhament de l’occitan. Entretens. », P. Martel. p. 5-37.
- 2004, n°42 : « Histoire de l’enseignement de l’occitan, éléments de bibliographie » Y. Lespoux, p. 15-18.
- 2005, n°43 : « Dei mots òc, occitan, occitania », J. Ubaud, p. 19-24.
- 2005, n°43 : « Repertòri matematic », H. Lieutard, p. 5-33.
- 2006, n°45 : « Lop a Roncesvaux », P. Sarpoulet, p. 36-47.
- 2007, n°46. « 1907 en Languedoc-Roussillon », J. Sagnes, p. 5-23.
- 2009, n°48 : « Dos sègles d’istòria de l’espaci occitan », P. Martel, p. 5-25.
- 2009, n°48 : « Pensabèstia ortografic », J. Ubaud, p. 33-41.
- 2009, n°48 : « Bibliografia mistralenca », P. Gardy, p. 91-105.
Questions de didactique
Revue Practicas
- 1983, n°2/3 : « Manuals ancians e novèls », C. Torreilles et M-J. Verny, p. 85-97.
- 1984, n°4 : « Escriure-legir en occitan », C. Torreilles, p. 51-60.
- 1984, n°4 : « Jòcs poetics » M-J. Verny, p. 47-50.
- 1987, n°9/10 : « Les langues et cultures régionales dans quelques manuels de littérature française du second cycle des lycées », M-J Verny, p. 92-101.
Revue Lenga e País d’òc
- 1991, n°21 : « J-M Artigal. Pour la didactique d’une langue minorée », A. Clément, p. 10-15.
- 1991, n°23 : « Sur l’acquisition d’une nouvelle langue », J-M. Artigal, p. 27-44.
- 1991, n°20 : « Aspects psycholinguistiques de la didactique d’une langue minorée », D. Julien. p. 13-22.
- 1991, n°23 : « L’aprenentatge simultani de llengües emparentades », T. D. Stegmann, p. 23-26.
- 1994, n°26 : « Apròchis d’un document iconografic », E. Astié, H. Comis, M-J Verny. p. 3-19.
- 1994, n°26 : « Estudi d’una òbra complèta », P. Couffin, C. Torreilles, p. 59-89.
- 1995, n°27 : « Abordar l’Edat Mejana », M. Stenta, p. 65-71.
- 1995, n°27 : « Pédagogie du texte littéraire », F. Vernet, p. 5-40.
- 1996, n°29 : « Unitat didactica en classa de lenga », F. Vernet, p. 3-17.
- 1996, n°30 : « Interaccion en cors de lenga », F. Vernet, p. 39-53.
- 1997, n°31 : « Enseignement du lexique », F. Vernet, p. 3- 16.
- 1997, n°31 : « Competéncia e amira comunicativa », A. Clément, p. 25-30.
- 1997, n°31 : « Fiches de langue », M. Stenta. p. 17-24.
- 1998, n°33 : « Un albom en seccion bilingua : Marlagueta », S. Carles, p. 29-60.
- 1999, n° 34 : « Épreuve didactique du CAPES interne », M. Stenta, p. 17-37.
- 1999, n°34 : « Systématisation et pragmatisme dans l’enseignement de l’occitan », F. Vernet, p. 12-16.
- 1999, n°35 : « Elaborar una sequéncia », M-D Sola, p. 3-41.
- 1999, n°35 : « Lo tèxt integral en licèu », M. Stenta, p. 49-54.
- 2000, n°37 : « Réflexions sur la didactique des langues », A. Jambin, p. 3-17.
- 2001, n°39 : « Lo comentari guidat », C. Torreilles, M-J. Verny, p. 67-86.
- 2001, n°39 : « Comentar un document de natura istorica », P. Martel, p. 3-10.
- 2003, n°40 : « Activitats en classa d’occitan », F. Vernet. p. 3-19.
- 2003, n°40 : « Practicas d’escritura », M-J Villeneuve, M-J Verny,
- 2003, n°40 : « Escriure au collègi : I a pas foto ! », D. Decomps, p. 23-36.
- 2004, n°41 : « Elements de didactica de l’occitan », J-M Sarpoulet, p. 39-63.
- 2004, n° 41 : « Polars en òc, lo concors d’escritura. Tèxtes de liceans. » p. 101-110.
- 2005, n°43 : « Le document iconographique », G. Arbousset, p. 37-51.
- 2005, n°43 : « Des contes en classe d’occitan », F. Vernet, p. 70-75.
- 2006, n°44 : « Un album en primaire », E. Blanchard, p. 57-71.
- 2007, n°47 : « L’atelier d’écriture en cours de langue », M. Bouyer, p. 52-59.
Numéros spéciaux
- 1999, n°36 : « A l’entorn de Joan Bodon ». 87 p.
- 2007, n°47 : « L’occitan et le catalan dans le CECR ». Actes du séminaire académique du 7 mars, sous la direction de Christian Nique, recteur de l’académie de Montpellier. 90 p.
- 2010, n°49 : « L’amistat occitano-catalana » 96 p.
- 2011, n°50/51 : « Per Robèrt Lafont » 192 p.
- 2012, n°52/53 : « Marcela Delpastre, una cosmogonia del vivent » 177.
Notes
[1] Circulaire 82-261 du 21 juin 1982, BOEN n° 26, 1er juillet 1982.
[2] Le nom a été choisi en hommage à la revue Pratiques dont l’innovation pédagogique séduisait les professeurs de français que nous étions aussi. Née en 1974, toujours active, Pratiques se définit comme « un lieu de confrontation pluridisciplinaire et de débats théoriques focalisés sur la didactique du français, la linguistique, et la littérature. »
[3] Sur cet épisode de l’histoire de l’IEO, on lira Yan Lespoux : « 1976-1981 : l’Institut d’études occitanes en crise », in Courouau, Jean-François (éd.), Fidélités et dissidences. Actes du XIIe congrès de l’Association internationale d’études occitanes, Albi, 10-15/07 2017, vol. 2, Toulouse, SFAIEO, pp. 857-863
[4] FELCO : Fédération pour l’enseignement de l’occitan. On peut les trouver en ligne sur le site : http://www.felco-creo.org/11-01-20-65-projets-pedagogiques-autour-de-loccitan-langue-doc/.
[5] Prenant la succession de Philémon Pouget (1997-2008) je conservai le dispositif du projet académique, d’autant qu’il était géré séparément dans le cadre d’une animation pédagogique à dotation spécifique (1/2 ETP) logée au CRDP.
[6] Les références entre parenthèses, à partir d’ici, renvoient à l’année et au numéro de la revue Lenga e país d’òc et, dans notre bibliographie, à la section : « Choix d’articles dans Lenga e país d’òc. »
[7] APLV : Association des professeurs de langues vivantes. https://www.aplv-languesmodernes.org/.
[8] CAP’OC : Centre d’Animacion Pedagogica en Occitan, créé en 2001, situé à Pau dans les locaux de l’INSPE, est un service de la Direction Territoriale du Réseau Canopé pour les académies de Bordeaux, Limoges et Poitiers. www.capoc.fr
[9] Notamment la circulaire 2001-166 du 5 septembre 2001 « Développement de l’enseignement des langues régionales à l’école, au collège et au lycée » BOEN n° 33 du 13 septembre 2001.
[10] Max Rouquette et son vert paradis, M. Gayraud, Roland Pécout, VAL, 1983. – Rencontre avec Max Rouquette, G. Corporan, Ville de Sète, 1998. – Horizons et repères, P. Nicq, G. Prébois, CRDP Montpellier, 1989.
[11] Aujourd’hui (2021) ont été irrémédiablement détruits et les numéros mis en ligne et les éditions papier.
[12] TES : Ti-Embann ar Skolioù, Saint-Brieuc, TES est une maison d’édition publique qui conçoit et édite des ressources pédagogiques pour les trois filières d’enseignement du breton, publique, privée catholique et Diwan. Service de Canopé Rennes ; TES est financée principalement par la Région et par l’État. www.reseau-canope.fr > Tes
[13] À la demande de la Région Languedoc-Roussillon était inséré dans chaque publication du CRDP un pavé rappelant le cadre de cette convention du 15 octobre 2008.