Par votre intermédiaire, monsieur le Recteur, nous souhaitons à nouveau attirer l’attention de M. le ministre de l’Education nationale sur le manque de reconnaissance de l’enseignement de et en langue régionale.
Bien que l’état se soit engagé par convention à préserver et promouvoir cet enseignement, notamment, ici, en s’associant aux Offices Publics, il est évident que, pour l’occitan langue d’oc la dynamique amorcée depuis quelques années voit ses résultats mis à mal en Aquitaine :
- Baisse des effectifs du bilingue public
- Remise en question de l’offre d’enseignement bilingue en petite section
- Difficultés récurrentes à rassurer le personnel enseignant et les parents d’élèves par la stabilisation des équipes et des dispositifs
- Diminution des heures d’enseignement en collège
- Raréfaction voire suppression de l’offre en lycée
D’autre part, nous voyons déjà les effets néfastes de la réforme du baccalauréat sur l’enseignement en langue régionale, si elle reste en l’état.
En ce qui concerne l’enseignement en occitan, déjà fragilisé, malgré les différentes conventions signées depuis 2009 en Aquitaine et la convention cadre concernant les deux nouvelles grandes régions Occitanie et Nouvelle aquitaine, nous avons longuement étudié les propositions et contrairement à ce que répond M. le ministre aux élus qui l’interpellent, « cet enseignement sera valorisé par la réforme » : nous affirmons l’inverse, il n’est qu’à voir le nombre d’élèves qui ont présenté l’occitan en LV2 cette année dans cette académie pour mesurer à quel point l’EN ne permet toujours pas aux élèves de réussir un parcours bilingue
Nous affirmons que la prochaine réforme multipliera les difficultés par :
- L’impossibilité de choisir 2 enseignements facultatifs, ce qui met directement en concurrence la langue régionale et les autres options
- La dévalorisation effective de cette option qui (pour la première fois dans toute l’histoire des examens !) rapportera moins que sa note (moins de 1%), en lieu et place des points supérieurs à la moyenne jusqu’à maintenant valorisables !
- Le fait que la majorité des établissements ne proposent pas de LVR en langue 2 (LVb) et même si c’était le cas, la LVb ne « rapporterait » que 6% de majoration contre plus de 25% pour l’anglais en LV1, voire jusqu’à plus de 45% pour les langues mortes
- L’impossibilité pour les élèves qui ne peuvent suivre cet enseignement, faute de cours proposés dans leur lycée, de présenter cette épreuve en candidat libre, l’évaluation devant se faire en contrôle continu !
Le ministère de l’Education nationale signe là :
- la mort assuré de l’enseignement de l’occitan en lycée, privant par là-même de sens et de logique, tout le travail de soutien et de développement mis en place par les différents partenaires, conscients de l’urgence de promouvoir la transmission de notre langue régionale dans l’enseignement.
- la fin de la continuité des différents dispositifs d’enseignement bilingues, public et associatifs, installés en primaire.
- l’annihilation du fragile dispositif de formation en faculté et en ESPE, tout juste mis en place dans cette académie.
- la mise en danger du recrutement nécessaire de futurs enseignants bilingues pour assurer le développement de l’enseignement bilingue.
Nous ne pouvons accepter ces décisions et nous demandons à nouveau la révision de cette réforme contestée ces jours-ci par les lycéens et par les syndicats enseignants.
Mais ne nous laissons pas envahir par la colère, si ce n’est comme le disait Aristote « pour l’utiliser non comme chef mais comme soldat ».
Nous ne pouvons continuer à constater les difficultés sans réagir, nous avons besoin de sentir une réelle prise en compte de nos demandes, de nos propositions, aussi, nous demandons à tous les partenaires de se reprendre, de se remobiliser pour qu’à nouveau, dans le respect des conventions signées, nous puissions construire, pour les jeunes de notre belle région, un avenir plurilingue réellement enraciné dans notre culture et ouvert au monde.
Association ÒC-BI, Fédération régionale Calandreta, CREO Aquitaine